Intervention de François Houllier

Réunion du mercredi 7 octobre 2020 à 17h00
Commission d'enquête sur l'évaluation des politiques publiques de santé environnementale

François Houllier, président-directeur général de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) :

L'Ifremer travaille au service de trois grands objectifs. Le premier d'entre eux, c'est la connaissance de l'océan et des mers, qui vise à la préservation de ce bien commun. Nous travaillons aussi bien sur les interactions avec le climat que sur la biodiversité marine. Nous abordons également, lorsqu'ils ont été dégradés, la restauration des écosystèmes marins. Notre deuxième objectif, c'est l'exploitation durable des ressources marines, qu'elles soient biologiques – poissons, mollusques – ou physiques – minéraux, énergies marines renouvelables. La troisième grande finalité de nos travaux concerne la gestion des données que nous collectons sur l'océan, et tous les services dérivés, notamment numériques, que nous fournissons pour les citoyens, les administrations, les collectivités et les entreprises, sur la base de ces données.

Pour mener à bien ces finalités, nous menons trois grands types d'activités : en premier lieu, des activités de recherche, plus ou moins fondamentale ou appliquée. En deuxième lieu, nous développons une expertise scientifique en appui aux politiques publiques, à laquelle nous consacrons des moyens importants. Environ un tiers des personnels de l'institut sont, à un moment ou un autre de l'année, concernés par des expertises scientifiques en appui aux politiques publiques. En troisième lieu, nous tissons des partenariats avec les acteurs économiques, ce qui constitue une activité de transfert et d'innovation inscrite dans nos statuts. Ces acteurs économiques peuvent être des professionnels de la mer ou des entreprises.

Nous menons nos activités dans une perspective de science ouverte et de développement durable. La « science ouverte » n'est pas, en ce qui concerne la santé environnementale, une vaine expression, car elle signifie que nous avons une politique de données ouvertes. Nous avons vocation à ce que ces données soient largement partagées, aussi bien avec la société qu'avec les décideurs publics. En pratique, par exemple, le 9 juillet dernier à Nantes, nous avons fait pour la première fois une conférence de presse sur la surveillance des eaux littorales et côtières et sur la qualité de ces eaux. Nous avons, à cette occasion, traité de la dimension sanitaire de l'environnement.

Par ailleurs, nous sommes concernés par tous les objectifs du développement durable, pas seulement par ce qui concerne l'océan – l'objectif 14 – mais aussi par les questions connexes, comme la sécurité alimentaire ou les problématiques liées aux énergies marines nouvelles.

Enfin, nous sommes présents sur toutes les façades maritimes de l'Hexagone, de Boulogne-sur-Mer à Bastia, avec des forces inégalement réparties selon les lieux. Une très grande partie du dispositif de l'Ifremer se situe à Brest, en Bretagne, mais nous sommes aussi présents à Boulogne, à Port-en-Bessin, à Concarneau, à Dinard, à Lorient, à Arcachon, à La Tremblade, à Sète, à La Seyne-sur-Mer et je dois en oublier. Nous sommes aussi présents dans la plupart des territoires ultramarins, à Saint-Pierre-et-Miquelon, à la Martinique, à La Réunion, en Guyane, en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française. Je pense que c'est important sur ces questions de santé environnementale.

En matière de santé de l'environnement, l'Ifremer est actif de deux manières. Nous étudions intensément les questions de pollution d'origine chimique, physique ou biologique. Nous avons mis en place toute une série de réseaux sur ce sujet qui concerne la santé des écosystèmes et des milieux. Nous sommes aussi concernés par les questions relatives aux conséquences sanitaires de ces pollutions, via l'alimentation essentiellement. Pour faire le lien entre, d'une part, la santé de l'environnement ou de l'océan pris globalement et, d'autre part, la santé humaine, nous passons principalement par le biais de l'alimentation. Nous avons donc un certain nombre d'unités de recherche, situées essentiellement à Nantes et sur la façade atlantique mais pas uniquement, qui travaillent sur les questions de santé de l'environnement et de microbiologie, sur des questions d'écotoxicologie et de biochimie, sur la bancarisation de l'ensemble des données que nous rassemblons sur les façades. Nous avons également en Occitanie une unité de recherche spécialisée dans les interactions entre les hôtes, les pathogènes et l'environnement. Enfin, nous disposons de toute une série de stations ou de laboratoires de façade, que nous appelons les « laboratoires Environnement Ressources », présents dans tous ces lieux que j'ai mentionnés précédemment et qui rassemblent des données sur la qualité des eaux, aussi bien sous l'angle biologique que chimique.

Ces réseaux rassemblent environ 130 équivalents temps plein. En en excluant une quarantaine qui sont spécialisés dans l'halieutique, un peu plus de 80 équivalents temps plein travaillent donc vraiment sur la question de la surveillance de l'environnement, de la surveillance sanitaire en général et de la surveillance sanitaire de l'eau. Cela peut être pour rassembler des données, pas nécessairement pour conduire des recherches. Nos réseaux rassemblent des données et, selon les sujets, accomplit des tâches d'observation ou de surveillance. Les données issues de ces réseaux sont bancarisées par un service basé à Nantes. Elles sont restituées, mises en forme et peuvent être partagées, par exemple via des cartes. Ces travaux sont menés en étroite interaction avec un certain nombre de directions d'administration centrale, notamment la direction générale de l'alimentation.

Lors de la conférence de presse que nous avons tenue à Nantes le 9 juillet dernier, nous avions présenté un certain nombre de résultats, dont certains sont issus de trente années de suivi de ces réseaux d'observation et de surveillance, dans le domaine des pollutions chimiques ou biologiques et de leurs impacts éventuels. Ce bilan a été largement partagé et repris.

La question de la santé de l'environnement est donc une question importante pour l'Ifremer mais ce n'est pas la seule question sur laquelle nous travaillons. Nous nous intéressons aussi aux ressources halieutiques, à l'interaction entre l'océan et le climat, à la biodiversité des grands fonds, aux mollusques marins et à leurs pathologies. Je me suis centré sur l'objet de votre mission mais nous pouvons répondre à d'autres questions.

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