Intervention de François Houllier

Réunion du mercredi 7 octobre 2020 à 17h00
Commission d'enquête sur l'évaluation des politiques publiques de santé environnementale

François Houllier, président-directeur général de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) :

Un rapport a été remis en 2019 par la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), qui est, grosso modo, le groupe d'experts internationaux sur la biodiversité. Une collègue française en fait partie et un collègue de l'Ifremer de l'unité sétoise a pris le relais. Nous sommes donc présents dans ces évaluations internationales. La France n'est pas complètement absente de ces sujets.

Dans la partie marine du rapport sur la biodiversité, la surpêche apparaît comme un sujet majeur. Toutefois, même si la situation mondiale des pêches se dégrade, la situation européenne s'est améliorée en qualité. La politique commune des pêches a permis une restauration progressive de populations qui sont maintenant gérées de manière durable, ce qui n'était pas le cas il y a vingt ans. Cependant, comme pour la question des pollutions, le verre n'est pas plein ! De mémoire, actuellement, la moitié des populations de poissons pêchés par les pêcheurs français sont gérées de manière durable, ce qui signifie que l'autre moitié ne l'est pas. Cependant, la situation est tout de même nettement meilleure que celle d'il y a vingt ans.

En revanche, au niveau mondial, la tendance est inverse, avec une dégradation. Alors que l'effort global de pêche augmente, la quantité de poisson pêchée n'augmente pas, ce qui traduit le fait que nous exploitons sans doute cette ressource de manière non durable. Certaines espèces sont durablement pêchées mais d'autres ne le sont pas du tout. Cela renvoie aux questions sur la souveraineté alimentaire, au fait que des millions de petits pêcheurs, surtout dans les pays en développement, vivent de cette activité et que les populations, surtout côtières, ont besoin de ces protéines. Cela induit des questions sur le développement de l'aquaculture, qui posera toutefois d'autres problèmes.

Un deuxième sujet important est celui de la pollution. Nous parlons beaucoup des plastiques mais ce n'est pas la seule pollution. Il s'agit aussi bien de pollutions au sens strict par des contaminants chimiques que de pollutions organiques telles que les excès de phosphore ou de nitrates. Le rapport de l'IPBES fait également apparaître une sorte d'addition des effets. Nous pensions que chaque risque avait un effet, mais nous voyons maintenant que, dans certaines zones, il se produit une addition des différentes pollutions ou une addition de pollutions et de la surpêche. Se pose alors la question des impacts cumulés. Nous sommes à ce sujet dans une zone incertaine. En effet, nous ne savons pas si les impacts, lorsqu'ils sont cumulés, deviennent synergiques et encore plus dévastateurs, ou si, au contraire, il existe entre eux des formes de compensation.

Il est très difficile de hiérarchiser entre d'un côté la question du changement climatique, de la montée des eaux et de leur réchauffement, et de l'autre celui de la biodiversité marine. Leurs effets sur la santé humaine et la santé de l'environnement ne sont pas complètement caractérisés. J'ai de la peine à dire s'il faut privilégier la biodiversité par rapport au climat ou l'inverse. Ces deux questions sont majeures.

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