Intervention de François Houllier

Réunion du mercredi 7 octobre 2020 à 17h00
Commission d'enquête sur l'évaluation des politiques publiques de santé environnementale

François Houllier, président-directeur général de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) :

S'agissant de la montée des eaux, l'essentiel des travaux sont plutôt réalisés sur la base de données satellitales. La mesure de l'élévation du niveau de la mer est faite principalement par satellite, ce qui explique d'ailleurs que nous ayons un partenariat fort avec le Centre national d'études spatiales (CNES). Dans le cadre de l'Observatoire spatial du climat du CNES, toute une série de sujets concerne l'élévation du niveau de la mer.

Pour comprendre la raison de l'élévation du niveau de la mer et savoir si elle provient plutôt de la fonte de l'Antarctique, de la fonte de glaciers ou de la dilatation, nous avons besoin de mesures in situ. Ces mesures sont peu liées à la flotte océanographique française, mais plutôt à un très grand réseau constitué de 4 000 flotteurs dans le monde, nommé Argo. La France est le deuxième contributeur à ce réseau, après les États-Unis. Chacun de ces flotteurs coûte de 10 000 à 100 000 euros selon le modèle, et ils ont une durée de vie de trois ans. Ainsi, nous suivons l'élévation du niveau de la mer depuis l'espace et nous en comprenons les mécanismes grâce à ce réseau de flotteurs. La flotte sert à mettre à l'eau ces flotteurs.

Je ne peux pas vous répondre en ce qui concerne l'impact par exemple dans les îles Éparses ou dans des îles Australes. Nous n'avons pas d'observatoire à terre dans ces îles qui nous permettrait de le qualifier.

À ma connaissance, la modification de la biodiversité lorsque la mer avance en modifiant les sols et donc la biodiversité a peu été étudiée jusqu'à présent. Les études ont plutôt porté sur le risque physique lié à l'érosion du trait de côte et sur le risque sociologique et humain sur l'aménagement du territoire. Le ministère des affaires étrangères nous a posé cette question pour ses coopérations internationales, et nous avons constaté qu'il n'existe que peu de travaux sur le lien entre montée des eaux et biodiversité.

Nous avons produit une étude prospective intitulée La mer monte, que nous pouvons vous adresser, produite dans le cadre de l'alliance nationale de recherche pour l'environnement (AllEnvi) qui regroupe tous les organismes de recherche environnementale, dont l'Ifremer, et en particulier l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE), qui s'est fortement mobilisé pour cette étude. Cette étude présente le paysage général de la montée des eaux et s'est attachée à regarder trois situations particulières, une en Asie au Vietnam, une en Europe aux Pays-Bas avec les polders, et une en France en Nouvelle-Aquitaine. Le travail porte plutôt sur les stratégies d'adaptation, ce qui peut être intéressant, notamment pour les collectivités territoriales, même si elles n'ont pas attendu cette étude pour se saisir du sujet. Les stratégies y sont étudiées selon les méthodes d'anticipation de la montée des eaux et de redéfinition des plans d'aménagement du territoire. L'étude constitue une aide à la réflexion pour les collectivités concernées. J'en ai parlé à Régions de France et nous nous tenons à leur disposition pour la partager.

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