Intervention de Thierry Caquet

Réunion du mercredi 14 octobre 2020 à 14h00
Commission d'enquête sur l'évaluation des politiques publiques de santé environnementale

Thierry Caquet, directeur scientifique « environnement » de l'institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE) :

L'INRA avait l'image d'un Rubik's cube. C'est encore le cas de l'INRAE. Notre organisation est très matricielle. C'est un défaut parfois reproché aux organisations françaises.

Nous avons donc, en dessous des directions scientifiques, quatorze départements de recherche qui sont organisés soit autour d'objets soit autour de disciplines. Nous avons ainsi un département de santé animale, un département d'alimentation humaine. Ce sont les deux départements qui abritent l'essentiel de nos forces de recherche sur le sujet d'aujourd'hui. Nous avons un département de santé des plantes et environnement…

En raison du poids de l'histoire, tous les départements ne sont pas présents dans tous les centres. L'INRA s'est construit à partir de centres régionaux qui ont fusionnés en 1946. Nous sommes dans une logique de dialogue permanent entre la science, vue comme la brique de base que constitue l'unité de recherche, jusqu'à la direction scientifique et au collège de direction, le département se trouvant entre les deux. Le chef de département interagit avec ses chercheurs qui lui disent ce qu'ils ont envie de faire et négocie les moyens avec la direction générale qui « tient les cordons de la bourse ». Ce dialogue est régulier. Chaque année, tous les départements présentent à la direction générale leur schéma stratégique à cinq ans et expliquent comment ils souhaitent le faire évoluer.

Les demandes locales peuvent donc remonter des unités de recherche mais nous avons aussi des ambassadeurs dans les régions : les présidents ou présidentes de centre. Chacun des dix-huit centres a un président ou une présidente qui est en interaction très étroite avec l'écosystème local. Je parle bien sûr de l'écosystème de la recherche, donc nos partenaires des unités mixtes de recherche (UMR), le CNRS, les écoles vétérinaires, les écoles d'agronomie, les universités qui ont de plus en plus de poids dans le paysage de la recherche ainsi que les élus, les conseils régionaux, les entreprises…

Chaque président de centre établit sa propre stratégie. Ce n'est pas une stratégie scientifique qui relève des départements. Le président de centre est, d'une part, la caisse de résonance, au niveau local, des décisions générales, en termes de politique d'alliances, par exemple, auprès des présidents d'universités, des représentants locaux du CNRS et, d'autre part, il nous fait remonter les signaux issus des élus, des entreprises. Nous coconstruisons alors, entre direction générale, départements et centre une stratégie locale qui tient compte des spécificités des unités de recherche présentes localement.

Nous ne lancerons pas un énorme projet de recherche sur la vigne en Bretagne mais, si nous voyons émerger une transition localement, si un territoire souhaite s'orienter vers de l'agroécologie à grande échelle, par exemple si la région Sud-Ouest souhaite sortir de l'usage des phytosanitaires en viticulture, cela remonte par l'intermédiaire des centres vers la direction générale. Nous commençons alors un trilogue territorial et la direction générale coconstruit avec les directeurs de centres et les chefs de départements la vision à quatre ou cinq ans de nos projets d'actions localement.

Les centres sont tous différents car les régions sont toutes différentes. Chaque centre a trois ou quatre mots-clés qui sont sa carte d'identité. Le contenu du travail, les alliances que nous concluons localement se déclinent au gré de chaque centre. Tout est coconstruit entre le centre, la direction générale et les départements. Nous préparons actuellement les trilogues territoriaux qui auront lieu à partir de fin octobre.

Nous pouvons passer des accords-cadres avec des régions. Il existe par exemple un accord-cadre entre l'INRAE et la région Nouvelle-Aquitaine, entre l'INRAE et la région Bretagne, entre l'INRAE et le Grand-Est. Nous avons un service dédié, qui gère l'interaction avec les partenaires universitaires, les écoles, les organismes de recherche et les soutiens que sont les régions. Nous travaillons ainsi sur la viticulture en Nouvelle-Aquitaine, sur la forêt dans les Landes, sur la forêt aussi dans le Grand-Est mais ce ne sont pas les mêmes questions que dans les Landes… Tous ces sujets qui nous intéressent en commun avec les régions sont instruits par le président ou la présidente de centre et validés en collège de direction.

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