Nous pouvons penser aux perturbateurs endocriniens pour lesquels la voie de contamination majeure est l'alimentation. Ces substances peuvent d'ailleurs être d'origine naturelle comme les phytoestrogènes.
Il est clair que l'emphase est mise sur le couple mère-enfant, peut-être parce que le suivi médical est plus institutionnalisé et que nous pouvons plus facilement faire des prélèvements d'échantillons à la naissance, avoir des informations sur la petite enfance. Récupérer le placenta ou le méconium d'un nouveau-né donne énormément d'informations sur ce à quoi la mère et l'enfant ont été exposés durant toute la gestation. C'est un outil de base pour les cohortes.
En ce qui concerne la qualité des cellules reproductrices, cela est effectivement valable pour les femmes comme pour les hommes et il ne faut pas négliger les hommes, bien au contraire. Les premières suspicions de l'impact sur la santé des perturbateurs endocriniens proviennent d'ailleurs de comptages spermatiques, d'études de la mobilité spermatique, au Danemark entre autres.
Il en découle des craintes pour la fertilité et surtout des craintes d'effets à long terme sur la descendance. Lorsque les télomères sont raccourcis, la durée de vie des cellules est modifiée, il peut exister des risques de prolifération cellulaire… Les effets sur l'aspect génétique et surtout épigénétique font penser que des effets transgénérationnels sont possibles sans passer par une mutation de l'ADN, mais simplement par l'état de méthylation de l'ADN, c'est-à-dire le fait que de petits groupements méthyle se fixent sur l'ADN ce qui modifie sa conformation et donc le fonctionnement cellulaire. Cette empreinte peut se transmettre à la descendance.
Nous le savons depuis longtemps et le danger concerne nombre de substances dont certaines d'origine naturelle. Dans le domaine de l'écotoxicologie, il existe des substances d'origine biologique qui sont tout aussi dangereuses que des substances de synthèse. Le débat n'est donc pas là, mais porte sur le type d'effets de la substance. Il existe des substances qui produisent un effet épigénétique, donc transmissible à la descendance, sans impact sur l'organisme parent mais avec un impact sur les enfants et les petits-enfants, réversible ou non selon les cas. Nous connaissons, d'un point de vue expérimental, ce phénomène pour quelques espèces dont des rongeurs, et nous pouvons penser qu'il existe aussi chez l'homme.