L'IFRES est une initiative de recherche en environnement-santé que nous avons portée en inter-alliances. Le domaine environnement-santé est éminemment pluridisciplinaire, puisqu'il concerne la biologie, les sciences de la santé, de l'environnement et les sciences sociales et humaines. Si nous pouvions, en inter-alliance, relancer la réflexion portée en 2013 par l'initiative IFRES, qui est encore d'actualité puisque les sujets n'ont pas énormément évolué, et si nous organisions une coopération efficace des organismes pour travailler sur ces questions, nous progresserions beaucoup.
Il ne s'agit pas de créer une nouvelle alliance mais que des organismes comme l'INSERM, l'INRAE, le CNRS, l'Institut Pasteur se donnent des objectifs communs. Il faut un vrai programme ambitieux en environnement-santé, avec une visée qui dépasse la production de connaissances, qui soit de contribuer aux politiques publiques y compris en termes de propositions d'évolution de la gouvernance.
En ce qui concerne cette dernière, nos collègues des sciences sociales peuvent nous aider car ces politiques publiques ne sont pas qu'une question de biologistes, de médecins, de chimistes… L'INRAE travaille beaucoup sur l'interdisciplinarité, nécessaire pour obtenir des transformations.
Il faut aussi que nous ayons l'ambition de construire des parcours de formation de nos futurs experts. Nous avons évoqué ce vivier d'experts trop peu abondant. Le dialogue avec les universités et les écoles est essentiel pour alimenter ce vivier. Nous l'avions inscrit dans l'initiative IFRES et nous pourrions le reprendre dans des politiques ultérieures.
Enfin, nous devons nous doter des instruments analytiques dont nous avons besoin pour être à la hauteur des enjeux. « Instruments » est à prendre au sens large comprenant les moyens de calcul scientifique.
Ce n'est pas la matière grise qui manque mais plutôt la coordination et la mise en cohérence. Il s'agit de passer de la volonté exprimée de s'organiser à des actes. Pour l'avoir expérimenté dans le domaine des infrastructures de recherche, j'ai constaté concrètement que les communautés de recherche, dans les laboratoires, ont leur propre dynamique. Leur dire « nous allons vous organiser une nouvelle vie et vous allez être mobilisés pour une grande cause nationale » peut se faire, mais ce n'est pas « gagné ». Il ne faut pas seulement mobiliser les ministères, les directions d'instituts mais il faut que cela percole.
Cette percolation a lieu sur certains sujets, sur le changement climatique par exemple, où les communautés de recherche se mobilisent, y compris dans leur vie de tous les jours, pour diminuer leur impact sur le climat. Ils prennent moins l'avion, utilisent moins de plastiques, chauffent moins les bâtiments. Même si cela paraît anecdotique, cela concerne des milliers de personnes et peut avoir un impact.
Dans le domaine de l'environnement-santé, je ne pense pas que nous en soyons à ce niveau de préoccupation dans nos communautés de recherche. Nous pouvons essayer d'y tendre et c'est aussi notre mission en tant que responsables d'organismes.