Intervention de Hervé Lapie

Réunion du jeudi 15 octobre 2020 à 9h30
Commission d'enquête sur l'évaluation des politiques publiques de santé environnementale

Hervé Lapie, secrétaire général adjoint de la FNSEA :

Moi-même, qui viens d'une région céréalière, j'ai 70 hectares. L'exploitation moyenne de la Marne est de 140 hectares et nous sommes encore 3 400 agriculteurs, donc très nombreux, avec des surfaces plutôt petites à l'échelle de notre environnement européen et mondial. L'objectif est de maintenir cette agriculture familiale, avec des capitaux familiaux, sur l'ensemble des territoires. Les clichés sont parfois malheureux.

Le revenu est un sujet important. Nous sommes complètement conscients qu'il ne faut pas pleurer tous les jours mais, aujourd'hui, que ce soit dans le monde animal ou végétal, se pose un problème de revenu. Même les céréaliers, depuis quatre ans, sont confrontés à des difficultés économiques assez importantes. Souvent, les aides de la politique agricole commune (PAC) sont supérieures au revenu lui-même dans les exploitations agricoles. Les aides compensatrices de la PAC représentent autour de 200 euros à l'hectare alors que, personnellement, sur mon exploitation, j'aurai un revenu d'environ 50 euros par hectare cette année. Vous voyez ce que font 50 euros par hectare quand vous avez 70 hectares.

Nous ne sommes pas là pour pleurer, nous sommes de petits chefs d'entreprise qui assumons nos responsabilités mais, de temps en temps, le revenu est un frein au développement de certaines initiatives.

Il faut être attentif à répondre à l'ensemble des marchés : le marché de l'agriculture biologique, le marché du circuit court, les marchés de l'agro-industrie et le marché de l'exportation. La force de l'agriculture provient de sa capacité à répondre à l'ensemble de ces marchés. Actuellement, 8 % des administrateurs de la FNSEA sont en agriculture biologique, plus de 25 % de nos agriculteurs sont en circuit court. Ces gens nous disent qu'il faut être très attentif à ne pas déstabiliser ces marchés. Il faut les développer mais ne pas les déstabiliser en les développant trop fortement.

L'agriculture française doit absolument répondre à des marchés, non à une demande sociétale réclamant par exemple 50 % d'agriculture biologique alors que les consommateurs font les courses en regardant les indicateurs fondamentaux que sont le prix et l'accessibilité de l'alimentation. Si l'alimentation monte en gamme, il faudra la payer plus cher. La demande existe mais il faudra accepter que les Français paient l'alimentation un peu plus cher pour rémunérer toute la filière.

L'agriculture française doit être aussi présente sur les marchés d'exportation que nous ne devons pas abandonner. Nous ne sommes pas là pour inonder le marché mais la France, sous son climat continental et un peu océanique, avec des terres partout, a la capacité de produire. Il faut garder cette capacité de production en France.

Les marchés sont pluriels et il faut répondre à tous mais il faut que l'agriculture biologique et l'agriculture raisonnée aient le même impact sur l'environnement. Ce n'est pas un droit à polluer pour l'agriculture raisonnée.

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