Intervention de Mélanie Delozé

Réunion du mercredi 21 octobre 2020 à 17h00
Commission d'enquête sur l'évaluation des politiques publiques de santé environnementale

Mélanie Delozé, secrétaire générale de la Ligue contre l'obésité :

Lorsque nous parlons d'information grand public sur l'obésité, cela concerne toutes les causes, notamment les causes environnementales qui en sont malheureusement les principales.

En ce qui concerne la prise en charge de la maladie de l'obésité, nous sommes vraiment en difficulté. L'obésité n'est pas actuellement reconnue comme une affection de longue durée, et il n'existe donc pas de prise en charge. Aujourd'hui, les médecins généralistes, qui sont les premiers recours, sont très peu formés et n'ont pas le temps. Les médecins spécialistes et les paramédicaux – diététiciens, psychologues, enseignants en activité physique adaptée – constituent le deuxième recours. Les paramédicaux ne sont souvent pas remboursés par la sécurité sociale. De plus, les patients souffrant d'obésité sont très éloignés du soin. La raison peut être qu'ils ne se sentent pas malades mais juste coupables de leur poids. Cela peut aussi être dû à des difficultés d'accès au soin, ne serait-ce que par la mobilité. De nombreuses questions se posent : comment se rendre au rendez-vous ? Le fauteuil du médecin et les examens médicaux sont-ils adaptés à toutes les morphologies ?

La prise en charge à l'hôpital, la chirurgie de l'obésité et les soins de suite et de réadaptation (SSR) constituent le troisième recours. Ils fonctionnent assez bien en France, où ils sont bien structurés. Malheureusement, cette prise en charge arrive trop tard puisqu'il s'agit du troisième recours. Cela donne des situations d'obésité parfois très graves avec un retard de diagnostic des autres pathologies associées.

Pour traiter ces difficultés existantes sur le terrain, nous mettons en place une initiative : la création de centres de santé pluridisciplinaires. Cette initiative a lieu d'abord dans notre région d'origine. Le suivi pluridisciplinaire sera effectué par des médecins généralistes obésitologues, des médecins spécialistes – tabacologues, psychiatres et nutritionnistes – ainsi que des paramédicaux. Ces professionnels de santé seront salariés du centre, ce qui facilitera l'accès au soin pour les patients souffrant d'obésité, puisqu'ils n'auront pas à payer pour leur suivi. Cela signifie malheureusement que l'association doit trouver les fonds pour rémunérer ces paramédicaux.

Notre initiative intègre donc les premier et deuxième recours – avec un grand axe de prévention puisque, dans le premier recours, nous recevrons aussi des personnes par effet de proximité, et non pas seulement des personnes souffrant d'obésité. Nous pourrons ainsi effectuer de la prévention auprès des patients en surpoids afin qu'ils ne souffrent pas d'obésité dans le futur. Nous pourrons les informer sur les régimes, les pilules miracles, etc. Nous savons que l'arrêt du tabac, la prise d'un traitement pour la thyroïde, d'un traitement post-cancer ou d'un antidépresseur, les grossesses ou encore la ménopause sont des périodes à risques. Notre objectif est de prendre précocement en charge les patients en risque d'obésité.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.