Intervention de Stéphane Mulliez

Réunion du mercredi 28 octobre 2020 à 14h00
Commission d'enquête sur l'évaluation des politiques publiques de santé environnementale

Stéphane Mulliez, directeur général de l'ARS de Bretagne :

Tant du point de vue de l'épidémiologie que du point de vue des actions, nous suivons ces différents indicateurs de santé publique. Nous les suivons EPCI par EPCI. Nous publions d'ailleurs tous les ans un indicateur de l'ensemble de ces facteurs de santé, pour les différents EPCI et les différents territoires. Toute une série de politiques publiques sont déclinées à l'échelle régionale sur les thématiques du cancer, les enjeux cardio-vasculaires. Nous travaillons différents axes de plans d'action dans la déclinaison du PRS, y compris en matière de communication – au sens noble du terme – et de prévention.

En ce qui concerne les enjeux cardio-vasculaires, nous avons fait le choix, en lien avec les professionnels de santé, il y a deux ans, d'une grande campagne de communication sur la prévention des risques cardio-vasculaires, notamment pour inviter les populations à observer des comportements de prévention. Quand elles rencontrent une difficulté, une douleur thoracique – cela concerne aussi les femmes, puisque j'ai appris qu'elles méconnaissaient ces premiers symptômes –, elles peuvent s'adresser directement aux structures de prise en charge de l'urgence.

Pour revenir à la question du suicide, il s'agit d'un indicateur qui nous préoccupe beaucoup en Bretagne et qui me préoccupe personnellement au titre de mes fonctions. Les indicateurs ont un peu, voire sensiblement, progressé ces dernières années, mais le sujet reste très important. Il y a environ un mois, j'ai institué un comité régional visant à fédérer l'ensemble des ressources – et elles sont nombreuses, dans la région comme dans d'autres régions – autour du suicide :

– les professionnels de santé, notamment en santé mentale ;

– l'ensemble des associations susceptibles d'œuvrer dans ce champ ;

– les différentes institutions, y compris de sécurité sociale. Je pense notamment à la Mutualité sociale agricole (MSA) pour la région Bretagne. Elle nous aide beaucoup, même si les psychiatres soulignent qu'il est toujours très difficile d'expliquer un suicide, multifactoriel. Parmi ces multiples facteurs, il faut noter ceux liés à la profession. C'est la raison pour laquelle les mutualités, et notamment la MSA, nous aident à construire les plans de prévention du suicide, que nous déclinons ;

– une action phare, qui n'est pas une exclusivité bretonne, mais nous avons beaucoup investi dans le dispositif VigilanS de rappel des suicidants. En mobilisant des crédits régionaux, il permet, lorsqu'une tentative de suicide n'a heureusement pas abouti, de travailler avec des appels téléphoniques de professionnels de santé pour suivre les suicidants et leurs familles. Les facteurs familiaux sont à prendre en compte dans les suicides et doivent nous amener à travailler à cet égard.

Les enjeux de territorialisation sont réels dans les questions de suicide, ils sont réels aussi pour l'ensemble des questions de santé, ils sont réels également en matière de santé-environnement. Nous avons une politique de contrats locaux de santé assez volontariste. Elle permet de territorialiser, à l'échelle des EPCI, un ensemble d'actions – mon souhait étant que ces actions soient assises sur des diagnostics, que ce soit en matière de santé-environnement ou en matière de santé publique, à l'échelle des EPCI.

Il s'agit aussi, chaque fois que nous signons un contrat local de santé, d'avoir des actions très précises, très concrètes, qui permettent de faire « avancer les choses » dans tel et tel territoire. Pour avoir signé neuf contrats locaux de santé en 2019, j'ai chaque fois le plaisir de voir autour de la table différents partenaires institutionnels. Et parfois, comme cela a été le cas à Lannion en ce qui concerne le suicide, il s'agit de gendarmes ou d'autres professionnels qui peuvent avoir la fiche réflexe qui convient quand un gendarme est confronté à une question de suicide dans une famille. Il ne s'agit pas de prendre en charge cette famille, mais de pouvoir tout de suite la mettre en relation avec l'établissement de santé ou le professionnel de santé idoine.

Environ 30 % de la population bretonne bénéficie aujourd'hui d'un contrat local de santé (CLS). Notre objectif est de pouvoir recouvrir l'ensemble du territoire d'ici à 2023. Ce ne seront peut-être pas 100 % des personnes qui bénéficieront d'un CLS, mais notre objectif est précisément de 90 %. Dans la deuxième génération des contrats locaux de santé, nous avons mis l'accent sur la question de la santé environnementale, avec des diagnostics assez poussés sur différents sujets, à l'échelle de l'EPCI. Je dispose par exemple du diagnostic santé-environnement du CLS de Lorient, qui permet de recenser un ensemble d'indicateurs relatifs à une série d'items et, au-delà du diagnostic, de contractualiser dans le CLS un ensemble d'actions. Je souhaite toujours que celles-ci soient les plus concrètes possible. À titre d'exemples d'actions santé-environnement dans des contrats locaux de santé, je peux citer :

– des actions sur la qualité de l'air intérieur ou extérieur ;

– des actions sur l'alimentation des jeunes ;

– des actions sur le risque auditif des jeunes ;

– des actions sur les ressources en eau potable, notamment dans le CLS que nous avons avec les îles du Ponant. Il s'agit d'une spécificité bretonne.

Sur différents sujets, nous essayons de concrétiser et d'opérationnaliser le plus possible nos actions de santé à l'échelle des territoires et en ce qui concerne la santé-environnement dans cette deuxième génération des contrats locaux de santé.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.