Intervention de Christian Guirlinger

Réunion du jeudi 29 octobre 2020 à 15h00
Commission d'enquête sur l'évaluation des politiques publiques de santé environnementale

Christian Guirlinger, conseiller régional du Grand-Est :

Je vous remercie de m'avoir invité à cette commission d'enquête ; y participant pour la première fois, c'est un honneur pour moi.

Le sujet de la santé et de l'environnement est d'actualité. Si chaque individu fait attention à sa santé et à celle de ses proches, il refuse quelquefois les contraintes pour assurer la santé collective. A contrario, les individus sont assez sensibles, au niveau national, européen, voire mondial, à l'environnement, mais ils ne sont pas toujours prêts à faire les efforts nécessaires pour améliorer leur propre environnement qui impacte pourtant directement leur santé.

Peut-être les individus, de façon générale, n'ont-ils pas conscience de l'importance, pour leur santé personnelle, de l'environnement qui les entoure. Nous évoluons dans des environnements plus ou moins différents, à la campagne, à la ville, dans des bureaux, sur des chantiers extérieurs. De même, à chaque étape de notre vie, nous évoluons dans des environnements différents les uns des autres.

J'ai récemment lu un article sur la fabrication des biberons qui mentionnait une problématique de microparticules de plastiques. Les matériaux innovants et biosourcés actuels pourraient offrir de meilleures solutions pour la santé. Nous pourrions aussi utiliser des biberons en verre. Peut-être est-ce un problème de mauvaise utilisation. Au lieu de faire chauffer le lait froid dans un biberon en plastique au micro-ondes pour gagner du temps et être dans le mouvement, nous pourrions le faire chauffer sur une plaque électrique et le verser dans le biberon. L'enfant boirait le même lait, mais les incidences sur sa santé seraient moins importantes. Cet exemple montre que l'environnement, la santé et le bon sens sont intimement liés.

En tant qu'élu régional et président de la commission environnement, j'ai été largement associé à l'élaboration du schéma régional d'aménagement développement durable pour l'égalité des territoires (SRADDET), lequel a été approuvé en janvier 2020. Il fixe la lutte contre le changement climatique comme une priorité stratégique dans l'ensemble des politiques publiques : « protéger l'environnement pour préserver sa santé ».

En tant que chef de file en matière de climat, air, énergie, biodiversité et eau – laquelle était une politique volontariste de la région Grand-Est, car non obligatoire –, la région se doit d'être à la fois moteur et rassembleur. C'est son objectif, non seulement s'agissant du volet financier, mais aussi s'agissant de la mise en réseau de l'ensemble des acteurs, en les accompagnant pour des transitions « acceptables » par la société. Souvent, les actions ne sont pas acceptées ou mal comprises. Il convient donc de les expliquer et qu'elles soient acceptées par les populations.

Face au défi à relever pour mieux utiliser, protéger, partager les ressources naturelles (sol, eau, biomasse) limitées, la région agit autour de trois axes principaux : l'eau, la biodiversité et l'air. Si vous le souhaitez, je détaillerai quelques dispositifs opérationnels et concrets de chaque axe.

Si je devais retenir un point négatif concernant cet environnement santé, ce serait la déclinaison d'une politique nationale sur les territoires, qui n'est pas contrôlée localement. Il y a quelques mois, j'avais fait part à M. François de Rugy, alors ministre de l'Environnement, de mon expérience régionale et locale, en tant que maire rural, du programme « Isolation à un euro ». Quelle belle politique que de vouloir faire des économies d'énergie, sachant que la consommation d'énergie, pour chauffer un foyer dans le Grand-Est, représente 2 000 euros par an ! Quelle belle politique que de contribuer, par l'isolation, à la diminution des gaz à effet de serre, connaissant leur effet néfaste sur l'environnement et sur notre santé ! Quel dommage de voir la majorité de ces chantiers « ni faits, ni à faire » !

L'isolation étanche sur des murs respirants provoque le développement de champignons à l'intérieur des logements, ce qui impacte directement la santé de leurs occupants. Cela a été une catastrophe, par manque à la fois de contrôle et de formation des entreprises. Après quelques années de fonctionnement, les contrôles ont lieu, mais le mal a été fait pour cette belle politique et cette belle action sur les territoires.

En revanche, si je devais retenir un point positif concernant l'environnement santé, j'évoquerais la chance de pouvoir compter sur des réseaux de bénévoles et d'amoureux de la nature qui nous permettent d'obtenir un suivi dans le temps de toutes les données relatives à la faune et la flore.

Il est également important de sensibiliser une grande partie de la population, quel que soit l'âge. Les jeunes font d'ailleurs parfois l'éducation des générations antérieures. Quant à lui, le réseau de bénévoles nous permet de « faire ensemble » et de réaliser nos politiques régionales. Ensemble, chacun à son niveau, et à tous les niveaux, nous pourrons inverser la tendance et travailler efficacement pour l'environnement et la santé.

Nous avons organisé la politique régionale selon trois axes : la biodiversité, l'eau et la transition énergétique. Le budget régional Grand-Est s'élève à environ 40 millions d'euros, soit 12 millions d'euros en fonctionnement et 28 millions d'euros en investissement : 9 millions d'euros sont destinés à l'eau, 12 millions d'euros à la biodiversité et 19 millions d'euros à la transition énergétique.

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