Le CLS de la ville de Saint-Nazaire a débuté en octobre 2015 et se terminera normalement au 31 décembre 2020. Un CLS dure en principe trois ans, mais il est apparu nécessaire au fil du temps d'adjoindre au nôtre un certain nombre d'avenants. En outre, comme les élections municipales se tenaient en 2020, il a été décidé de le prolonger jusqu'au 31 décembre de cette année.
Parallèlement, la CARENE se posait déjà la question de la santé, notamment en raison d'un rapport produit par l'observatoire régional de la santé en septembre 2019. Celui-ci faisait ressortir un taux de surmortalité par cancer bien supérieur à la moyenne nationale pour les hommes de moins de 65 ans, ainsi que pour les femmes, dans une moindre proportion, mais avec une surmortalité plus importante. L'étude de l'observatoire a été rendue publique, ce qui a conduit les élus locaux – le maire de Saint-Nazaire, ainsi que l'ensemble des vice-présidents de la CARENE – à s'interroger sur la situation.
Dans un CLS, la santé environnementale est envisagée sous plusieurs angles. Elle intéresse tous les habitants, et tous les citoyens. Elle interpelle tous les élus, ainsi que les associations, les organisations syndicales et le corps médical. L'ensemble des partenaires s'interrogeant sur la situation de notre territoire, nous avons demandé la réalisation, sans tarder, d'une étude épidémiologique globale. Comment expliquer cette surmortalité ? Est-elle causée par l'industrie, les comportements, ou la conjonction de ces éléments ? L'est-elle par le trafic routier ou la qualité des eaux ? L'ensemble des facteurs doit être étudié. Ceux-ci doivent être mis en relation, pour que nous puissions comprendre ce qu'il en est. Il est important de comprendre pour agir et d'agir pour comprendre. L'un ne va pas sans l'autre dans les questions de santé environnementale.
Il nous importe également de ne pas oublier, en matière de santé environnementale, les principes fondamentaux qui ont contribué à la qualité de notre action, pendant cinq ans, au titre du CLS, en particulier l'amélioration de l'accès aux droits et à la santé. Nous portons un regard particulier sur les jeunes, ainsi que sur les publics les plus fragiles, les plus précarisés, dont on sait qu'ils mènent moins de démarches volontaires de santé. En effet, dans une situation où tout est difficile, on ne s'occupe pas prioritairement de la santé. Il s'agit pour nous d'un premier axe.
Le deuxième axe porte sur le développement de la prévention et la promotion d'une santé durable. La prévention va contribuer à l'accès aux droits. Il est important de préserver sa santé et de la faire perdurer dans le temps. L'ensemble des partenaires, que ce soit l'État, les régions, les départements, les agglomérations, les collectivités locales, doit se mobiliser pour développer des actions de prévention et promouvoir une santé durable.
Le troisième axe vise à renforcer les ressources du territoire. Il existe un certain nombre d'acteurs, qu'ils soient institutionnels, comme l'hôpital, ou associatifs. Sur notre territoire, nombre d'associations interviennent dans le domaine de la prévention. Sur l'agglomération de Saint-Nazaire, la mortalité en matière de cancer est également liée à la consommation de tabac et d'alcool, même si depuis les années 1970, celle-ci a beaucoup baissé.
Néanmoins, les dépistages ont lieu trop tardivement. La mutualisation de l'ensemble des ressources est pour nous une véritable question, que ce soit le secteur libéral, public, ou associatif, qui est riche d'initiatives et de propositions. Il convient de faire en sorte que le dépistage n'intervienne pas trop tard pour pouvoir prendre en charge le cancer.
Il ne s'agit pas de culpabiliser les Nazairiens et tous les habitants de la région, quant à la consommation d'alcool, de tabac, ou d'autres substances. La prévention ne consiste pas à interdire. Cela doit être dit : interdire les consommations de toutes natures aurait un effet inverse. Les lois de coercition ne sont jamais progressistes. Néanmoins, il est important de s'inscrire dans une démarche de prévention et d'aller vers les habitants et vers les jeunes, avec des propositions qui les sensibilisent et les amènent à réfléchir par eux-mêmes.
Il n'est pas aisé de mesurer tous les effets des actions que nous avons mises en place. Néanmoins, la prévention a un impact. Nous sommes dans une phase d'évaluation du CLS : nous pouvons mesurer les relations de plus en plus fortes qui existent entre les publics, qu'ils soient jeunes ou en situation de précarité et l'ensemble des quarante et un partenaires à la pointe de leur domaine s'étant investis dans le contrat (professionnels de santé, hôpital, associations, etc.). Parmi ces partenaires figure également la caisse primaire d'assurance-maladie (CPAM) ou la maison départementale des adolescents, importante en matière d'accompagnement. Celui-ci est en effet indispensable dans la prévention. Il doit s'inscrire dans une écoute et dans un soutien, où l'autre n'est pas considéré comme une personne enfermée dans son monde ou dans son addiction, mais comme un citoyen à part entière, quels que soient son âge, sa condition sociale ou son parcours de vie.
En cela, le CLS induit des relations de plus en plus étroites. Avant mon implication récente dans la thématique de la santé, j'étais chargée de la culture, lors de mon précédent mandat de conseillère municipale de Saint-Nazaire. Mais la culture est universelle. Je suis donc très heureuse que nous nous dirigions vers la construction d'un contrat intercommunal de santé. C'est l'objectif que nous poursuivons. Parmi les dix communes de la CARENE, seul Saint-Nazaire dispose d'un CLS. Nous le vivons comme un point d'appui, comme un outil, avec son histoire et son expérience.
De premiers éléments objectifs sur la santé environnementale, au niveau de l'agglomération, nous ont déjà été communiqués. Les élus et les services vont échanger, afin de déterminer ce qui est important pour nos dix communes. Il ne s'agit pas de faire un copier-coller du CLS de Saint-Nazaire appliqué à l'ensemble des communes de la CARENE. Nous devons établir ce qui nous rassemble et ce qui nous distingue, par exemple, pour améliorer l'accès aux droits. Par la suite, nous discuterons bien évidemment avec nos partenaires, à commencer par l'État – le préfet de Loire-Atlantique, sur le volet de la politique de la ville, puisque les CLS y sont rattachés. Nous échangerons également avec l'agence régionale de santé (ARS), qui a également des objectifs en matière de santé. Nous devons croiser nos regards et nous accorder. C'est le plus important : il s'agit de nous mettre d'accord sur des orientations fondamentales. Chacun doit conserver ses prérogatives, mais nous devons nous rassembler sur des objectifs qui concernent l'ensemble de la population de la CARENE, et même au-delà. Nous travaillons en effet avec d'autres agglomérations.
Nous allons néanmoins commencer par la CARENE. Je n'étais pas conseillère communautaire au cours du précédent mandat, mais j'ai pu constater la capacité des communes à travailler ensemble dans ce cadre, quelle que soit leur couleur politique. Elles ont été capables de construire un plan local interurbain d'urbanisme et un plan interurbain de transport, que le parti communiste a voté. Je l'ai constaté lors de la réunion plénière de présentation. Il existe donc une capacité de mobilisation de ces acteurs.