Je prendrai l'exemple de l'évaluation en santé environnementale. Les Atmo sont reconnues dans leurs régions par tous les acteurs du monde de la santé et de la recherche. Ces derniers participent à nos conseils d'administration, ou du moins ils nous contactent souvent. Nous leur fournissons de nombreuses données, notamment aux épidémiologistes, afin qu'ils puissent étayer leurs travaux sur des bases précises.
Chaque région a des spécificités épidémiologiques et de pollution. Nous travaillons donc main dans la main avec les acteurs de santé environnementale en leur fournissant nos données, ce pour quoi notre surveillance dépasse le périmètre des polluants réglementés. Par exemple, dans les Hauts-de-France, les particules ultrafines font l'objet d'une étude très sérieuse sur laquelle nous travaillons beaucoup. Aujourd'hui, grâce au travail des épidémiologistes, nous sommes capables de démontrer leur impact négatif sur l'organisme. La BPCO (broncho-pneumopathie chronique obstructive) est un fléau dans notre région. Nous travaillons avec le CHU d'Amiens, qui mobilise une équipe d'ingénieurs et de techniciens de laboratoire, pour évaluer l'impact de la réduction des polluants atmosphériques sur les pathologies chroniques. Voilà un exemple d'évaluation concrète, qui concourt à la notion d'exposome sans tomber dans la négativité. Toutefois, cette évaluation demande beaucoup de temps et nous sommes parfois contraints d'aller vite.
Même si la santé n'est pas notre mission première, elle entre dans nos évaluations de la qualité de l'air. Nous regrettons qu'en dépit de nos nombreux contacts avec le monde médical régional, le ministère de la santé ne collabore pas avec nous. Nous travaillons uniquement avec le ministère de la transition écologique. Nous devrions avoir ces deux ministères pour tutelles, au regard de la transversalité de la problématique de la qualité de l'air et de ses impacts sur la santé.
Vous comprenez que nous ne nous contentons pas de mesurer la qualité de l'air. Nous sommes passés de la métrologie à la modélisation, afin de rendre nos évaluations plus justes et plus légitimes.
Quant à l'échelle de gouvernance, il est évident que la proximité est essentielle. L'échelle régionale est la meilleure échelle car nous connaissons les industriels, les chercheurs, et les agriculteurs de notre région. Un réseau d'acteurs légitime est mis en place, pour une efficacité bien plus grande qu'au niveau national.