Intervention de Dominique Potier

Réunion du mercredi 18 novembre 2020 à 13h00
Commission d'enquête sur l'évaluation des politiques publiques de santé environnementale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle :

Je n'ai pas eu le rapport en consultation car je suis sur une autre mission d'information sur le partage de la valeur qui me prend beaucoup de temps et sur de nombreux combats, mais vous me donnez envie de le faire et d'apporter ma contribution.

Lorsque nous avons dressé le bilan du plan Écophyto en 2012, il s'agissait de ne pas « jeter le bébé avec l'eau du bain ». En 2008, le législateur a fixé l'ambition d'atteindre une diminution de 50 % de la phytopharmacie en 2018. Nous sommes à plus 5 % ou plus 10 %, ce qui laisse présager que nous ne prenons pas la bonne direction. En l'absence de politique globale, nous n'avons pas pesé sur les facteurs « macro », à savoir l'effacement de l'élevage, la destruction des prairies permanentes et l'augmentation de la surface de production végétale, qui sont des phénomènes » macro » liés à des phénomènes sociologiques comme la moindre attractivité des métiers d'élevage, la plus grande profitabilité des cultures végétales à l'unité de main-d'œuvre, les cours mondiaux, etc. Les facteurs PAC et marchés, qui sont des indicateurs puissants, font que l'on peut utiliser moins de produits phytopharmaceutiques à l'hectare de blé, mais l'accroissement des superficies engendre une présence plus élevée de ces produits dans « la ferme France ».

Néanmoins, deux bénéfices peuvent être retirés. Le premier consiste dans la mise en place, dans les formations initiales et continues, du Certiphyto qui a permis, sur la durée, à des centaines de milliers de paysans d'appréhender le minimum de précautions permettant d'éviter une pollution directe sur les mains et par inhalation, et de protéger l'environnement dont ils ont la charge, celui de la ferme et des champs. Ce très important effort de formation a porté ses fruits, notamment en accidentologie pour les agriculteurs eux-mêmes. Par ailleurs, nous avons assisté à une révolution culturelle. La question des pesticides est devenue un acquis. Elle est parfois mal traitée dans l'opinion et peut donner lieu à de l' agribashing, mais le lien entre le modèle agricole-pesticides et pesticides-santé devient un acquis de notre pensée commune. Nous disposons d'un socle culturel et d'un système de prévention des accidents du travail.

Par ailleurs, nous avons conduit des expériences pilotes avec les fermes Écophyto et les fermes Dephy qui sont apparus dans les années 2010. Elles étaient au nombre de 2 000 en France. Dans le rapport, je propose de passer à 3 000 et que chacune rayonne sur 10 autres fermes en conversion agroécologique. Avec 30 000 fermes, nous sommes à 1/7ème des exploitations concernées par les produits phytopharmaceutiques avec une échelle de développement permettant d'atteindre les objectifs que nous souhaitons. Ces fermes Dephy sont une sorte de laboratoire de la mise en œuvre du plan Écophyto et démontrent que nous pouvons diminuer en quelques années de 20 %, 30 %, 40 %, 50 %, voire 60 % l'usage des produits phytopharmaceutiques et même donner envie de s'en passer complètement. Elles constituent un terrain favorable comme les fermes des lycées agricoles pour le passage à l'agriculture biologique ou à des formes d'agroécologie pertinentes.

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