Intervention de André Cicolella

Réunion du mercredi 18 novembre 2020 à 16h00
Commission d'enquête sur l'évaluation des politiques publiques de santé environnementale

André Cicolella, président du Réseau environnement santé :

La charte est une charte d'engagement, ce n'est pas un label. Le premier niveau, peut-être le plus important, est que nous faisons une signature publique, lorsque la collectivité locale signe la charte. Nous en parlons, des articles sont publiés dans la presse locale, régionale et municipale. La dernière signature a eu lieu à Sotteville-lès-Rouen et la mairie avait publié un dossier dans le journal municipal et un article dans la presse spécialisée pour les agents municipaux. Il est déjà très important que chaque citoyen s'approprie ce changement de paradigme, comprenne qu'acheter un shampoing est un acte banal, mais n'est pas banal, si ce shampoing contient des phtalates.

Lorsque nous nous préoccupons des perturbateurs endocriniens, nous nous intéressons à la santé de l'enfant, du futur adulte et de ses descendants. Nous avons des résultats pour la santé de l'enfant, lorsque nous éliminons les sources identifiées, parmi lesquelles les phtalates. Nous avons donc lancé la campagne « Zéro phtalates ».

Les phtalates sont des plastifiants. Les sols en polychlorure de vinyle (PVC) sont composés de 20 à 40 % de phtalates, essentiellement du phtalate de dihexyle (DHP), une substance classée « extrêmement préoccupante » par l' European chemicals agency (ECHA). Nous les remplaçons petit à petit, mais personne ne se soucie vraiment de remplacer tous ces sols en PVC qui sont une source majeure de contamination de l'enfant. Nous avons identifié huit maladies infantiles qui leur sont liées. L'une d'entre elles est l'asthme : une grande étude suédoise notamment montre un taux d'asthme doublé, lorsque le sol de la chambre des parents est en PVC. Cela signifie que nous pourrions diminuer l'asthme de l'enfant d'un facteur 2 en mettant par exemple des sols en caoutchouc naturel. L'hyperactivité, l'obésité, l'hypothyroïdie sont d'autres maladies liées aux phtalates.

Ainsi, en protégeant la grossesse de ce facteur, nous pouvons déjà diminuer toutes ces grandes maladies infantiles que nous savons soigner, mais que nous ne guérissons pas. Nous devons former les professionnels de santé. Une institution s'est créée, qui me semble être le bon lieu pour porter ces questions : ce sont les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). L'ensemble des professionnels de santé s'y trouve, par exemple des orthophonistes dont tout le monde sait qu'ils sont débordés. Toutefois, il est moins connu que nous avons la preuve que la contamination maternelle par des phtalates se traduit par des troubles du langage à l'âge de deux ans. Une action coordonnée et ciblée sur ce type de problème est possible, si les professionnels de santé disposent de la grille de lecture pour agir.

Nous avons le temps d'intervenir, car deux ans est une durée très courte même dans le temps du mandat politique. C'est ce que nous dirons aux candidats aux élections départementales et régionales ainsi qu'aux municipalités : il est possible d'obtenir des résultats, dans le domaine de la santé de l'enfant, dans le temps du mandat politique. Je suis convaincu que nous aurons des résultats car ce n'est pas si compliqué. Par ailleurs, les sols en PVC sont souvent les sols des HLM et le gradient social dans ces maladies infantiles y est lié.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.