Intervention de Marie-Jeanne Husset

Réunion du mardi 24 novembre 2020 à 15h00
Commission d'enquête sur l'évaluation des politiques publiques de santé environnementale

Marie-Jeanne Husset, administratrice de Wecf France et co-présidente du groupe de travail GT 2 (recherche, formation, information, éducation) du plan national santé-environnement (PNSE3) :

L'important travail d'enquête que nous avons mené et publié, en juillet de cette année, sur les produits solaires pour enfants visait un décryptage des étiquettes et une analyse de quelques produits pour y rechercher l'éventuelle présence de nanoparticules. Il dépassait toutefois largement la question des nanoparticules et portait sur toute la composition des produits solaires – y compris les filtres solaires –, pour mesurer s'ils étaient douteux sur le plan toxicologique. Nous les avons classés ainsi : « pas de problème », « problématique » et « douteux ». Cela dépassait largement la question des nanoparticules, car beaucoup de substances sont reconnues comme perturbateurs endocriniens par exemple. Nous connaissons très bien les dangers des perturbateurs endocriniens, en particulier pour les enfants.

Nous avons demandé par écrit la saisine de l'Anses – car nous ne pouvons pas la demander nous-mêmes – sur la base d'un travail d'enquête mené par Wecf France et Agir pour l'environnement. Nous avons demandé sa saisine afin qu'elle établisse le rapport bénéfices-risques de ces produits. D'un côté, les bénéfices en termes de protection solaire – dont on connaît l'importance contre les UV-A et UV-B, en particulier pour les enfants. Le mieux est, soit de ne pas trop les exposer au soleil, soit de leur mettre des vêtements ou de la crème solaire. De l'autre côté, les risques, concernant notamment les perturbateurs endocriniens ou les nanoparticules qu'ils peuvent contenir.

Il y a quelques années, l'Anses a mené un travail du même ordre sur les produits alimentaires (fruits et légumes), lors des recommandations des plans nationaux de nutrition. Il y a eu des questionnements. Manger cinq fruits et légumes apporte un bénéfice pour la santé, mais quels sont les inconvénients s'ils sont remplis de pesticides ? L'Anses avait travaillé sur ce sujet et devrait recommencer aujourd'hui – car elle l'a pratiquement conduit à sa naissance, il y a plusieurs années. Évidemment, il vaut mieux manger des fruits et légumes biologiques – qui ne contiennent pas de pesticides. Néanmoins, si les fruits et légumes en contiennent, les bénéfices sur la santé (anti-cancer, etc.) de leur consommation l'emportent sur les inconvénients. Nous demandons que l'Anses établisse la balance entre les bénéfices et les risques pour les produits solaires pour enfants.

« Faire progresser la réglementation » : aucune association ne peut avoir la prétention, seule, de la faire évoluer. Cela passe par un travail de plaidoyer. Par exemple, faire évoluer les réglementations concernant la présence de nanoparticules. Le moratoire sur le dioxyde de titane dans l'alimentation devrait être reconduit – nous l'espérons – au mois de janvier. Cela fait partie des actions auxquelles nous avons participé et il y en a sûrement bien d'autres. Il n'y a pas beaucoup de réglementations et il y en a peu de nouvelles aujourd'hui. Nous en aurions besoin. Nous avons été parmi ceux qui ont considérablement travaillé pour demander l'interdiction de bisphénol A et sa substitution.

Nous travaillons beaucoup aux questions de substitution. La substitution doit aussi comprendre le produit de substitution, lequel présente parfois plus de risques que le produit initial. Il faut alors changer de système et ne pas avoir une vision trop angélique de la substitution.

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