Intervention de Pascal Roger

Réunion du jeudi 18 avril 2019 à 11h30
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Pascal Roger, président de la Fédération des services énergie environnement (FEDENE) :

Je partage cette analyse, même si c'est sans doute plus compliqué et si le gestionnaire du réseau électrique doit faire face à d'autres contraintes.

Il existe plusieurs gisements de chaleur fatale.

Le premier est la chaleur fatale industrielle, dont le volume, considérable, est estimé par l'ADEME à 50 térawattheures (TWh). On appelle fatale la chaleur perdue et renvoyée à plus de cent degrés. Elle peut être plus ou moins bien réutilisée en fonction de son régime de température.

Un autre gisement est celui des unités de valorisation énergétique. Il résulte, d'une part, du fait que les unités de valorisation énergétique sortent des obligations de tarifs de rachat et auront, de ce fait, plus intérêt à produire de la chaleur que de l'électricité. D'autre part, un certain nombre d'unités de valorisation énergétique peuvent être optimisées en termes de récupération de chaleur et surtout être connectées à un réseau. Ces solutions de chaleur fatale nécessitent un réseau de récupération. Au cours des dernières années, d'importants travaux d'interconnexion d'unités de valorisation énergétiques avec des réseaux de chaleur ont été financés par l'ADEME. Ces solutions sont réalistes, comme l'attestent d'autres projets.

Les projets industriels se heurtent à une difficulté sur laquelle nous travaillons également avec l'ADEME. Un industriel vend généralement de la chaleur à un ou plusieurs industriels dans le cadre d'une réalisation amortissable sur une durée de quinze ou vingt ans. Si plus personne ne produit ou ne consomme de chaleur, qui rembourse l'investissement dans la réalisation de ce tuyau ? Depuis plusieurs années, nous soutenons la création d'un fonds de garantie, parce que nous pensons que s'il est mutualisé, le risque global n'est pas très élevé, alors que pris individuellement, il est insoutenable. Nous trouvons d'ailleurs que, sur ce gisement, l'ambition de la PPE n'est pas aussi grande qu'elle pourrait l'être. De tels projets peuvent voir le jour assez rapidement et, contrairement aux autres systèmes de chaleur renouvelable, à condition d'être financés dans de bonnes conditions, ils peuvent être compétitifs.

La récupération de chaleur en basse température, comme celle produite par les data centers, celle des eaux usées ou la géothermie, peut être utile, par exemple, pour l'exploitation d'une piscine. Les data centers doivent répondre à une problématique particulière. Produisant de la chaleur toute l'année, il faut trouver un consommateur de chaleur pendant l'été. Ces projets ne sont pas toujours faciles à monter mais ils ont un vrai potentiel. Toutefois, au regard des objectifs en millions de tep de la PPE, leur contribution n'est pas massive. L'arbre ne doit pas cacher la forêt.

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