Intervention de Pascal Housset

Réunion du jeudi 18 avril 2019 à 15h45
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Pascal Housset, premier vice-président de l'Union des métiers du génie climatique, de la couverture et de la plomberie (UMGCCP) :

Le constat édifiant dressé par Jean-Luc Wiedemann vaut également pour les activités de génie climatique.

Je dirige depuis vingt-cinq ans une entreprise qui réalise ses prestations en propre, sans recourir à des sous-traitants. Nous avons donc une expérience du métier, et n'avons pas attendu l'avènement des énergies renouvelables pour investir ce champ. Pour ce qui me concerne, j'exerce depuis 30 ans dans ce domaine d'activité.

Nous avons bien compris quelle était la volonté des pouvoirs publics en ce début d'année. Nul doute que le mouvement des « gilets jaunes » a pesé sur les décisions. J'estime qu'il est éminemment souhaitable de permettre à des populations modestes d'accéder à des systèmes de chauffage alliant confort et performance. Il faut toutefois prendre garde à la manière d'y procéder, sans quoi nous risquons de connaître les mêmes dérives que celles qu'a évoquées Jean-Luc Wiedemann. En début d'année ont fleuri des annonces plus qu'alléchantes, promettant des chaudières et des pompes à chaleur à un euro. La volonté d'industrialiser un système afin de massifier les travaux, dans le noble but d'engager une transition énergétique, ne doit pas avoir pour effet d'abaisser la qualité des installations.

Depuis de nombreuses années, nos corporations entretiennent des relations assez proches avec des énergéticiens comme Engie. Nous voyons toutefois ceux-ci créer des filiales dans nos activités. Nos entités n'entendent pas devenir des sous-traitantes d'Engie ni d'autres énergéticiens. La position de la FFB et de l'UMGCCP est claire à cet égard. Nous ne souhaitons pas devenir de simples entreprises de pose. Nous voulons au contraire mettre en œuvre nos savoir-faire de fourniture et de pose auprès du client final.

Il est pertinent de viser une meilleure maîtrise des coûts. Chaque fois qu'est proposé un crédit d'impôt ou un accompagnement de l'Agence nationale de l'habitat (ANAH), il faut veiller au risque de dérive de prix en sens inverse.

Notre union travaille sur une maîtrise des coûts, en collaboration avec les industriels et les distributeurs. En ce sens, nous avons élaboré avec le groupe Total une offre de pompes à chaleur relevant du dispositif PRIM'3E, qui contribuera à la massification des travaux tout en contentant les coûts. Elle sera bientôt mise en place. Nous avons donc étendu le spectre au-delà d'Engie, considérant que le nombre de nos entreprises, leurs savoir-faire et leur large présence sur le territoire nous le permettaient. Les entreprises du bâtiment sont présentes dans 91 % des communes de France. Ce maillage extraordinaire nous investit d'un rôle sociétal, puisque nous sommes des pourvoyeurs d'emploi et de formation.

Au regard de la transition énergétique et de l'objectif de massifier les travaux de rénovation, nous souhaitons redoubler de prudence dans les méthodes, afin que l'accessibilité tarifaire n'entraîne pas des problèmes de réalisation des prestations.

La démarche que nous avons mise en place en seulement deux mois recouvre la qualification de nos entreprises via la labellisation RGE. À terme, nous ne sommes pas opposés à un « RGE+ », pour améliorer encore la qualité de nos prestations et professionnaliser davantage nos entreprises. Encore faudra-t-il que nous ne supportions pas des contraintes supplémentaires trop importantes. Les audits, les contrôles et la formation ont en effet un coût. Il faudra s'assurer que celui-ci est bien pris en charge et reste maîtrisé pour nos artisans. Sur nos 14 500 entreprises, 80 % sont des petites structures, qui devront être accompagnées.

Nous avons souhaité, de surcroît, instaurer une certification des produits. Les capacités industrielles ont en effet leurs limites, et ne pourront pas nécessairement répondre à une massification des installations. Le matériel utilisé sera de qualité dans un premier temps, mais nous risquons de voir apparaître dans un second temps des ventes opportunistes de produits « exotiques » ne possédant pas de certification de qualité ni de performance. C'est pourquoi nous exigeons désormais que les machines posées par nos entreprises RGE – les pompes à chaleur notamment – soient certifiées et remplissent des exigences de performance. Nous éviterons ainsi que des machines de mauvaise qualité soient posées chez les populations les plus modestes.

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