Intervention de Philippe Sauquet

Réunion du mardi 7 mai 2019 à 17h00
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Philippe Sauquet, directeur général « Stratégie et innovation », directeur général de la branche Gas, Renewables and Power (GRP) et membre du comité exécutif de la société Total :

Chacune de ces solutions pose des problèmes distincts. De toute évidence, la méthanisation est trop coûteuse. Nous n'investissons pas massivement dans l'hydrogène, mais ne l'écartons pas pour autant. Le raffineur que nous sommes est d'ailleurs le plus grand producteur d'hydrogène au niveau mondial, puisque nous l'utilisons pour désulfurer nos carburants. Certaines de nos stations-service proposent aussi de l'hydrogène en Allemagne. Aujourd'hui toutefois, nous n'identifions pas de progrès technologique qui permettrait de créer une filière d'hydrogène renouvelable compétitive à un horizon de dix ou quinze ans. Les électrolyseurs sont onéreux et ont un très mauvais rendement énergétique. Ils impliquent de consommer de l'énergie pour produire de l'hydrogène. Peut-être en sera-t-il autrement dans deux ou trois décennies. C'est pourquoi nous n'écartons pas totalement la solution de l'hydrogène comme biocarburant. Nous restons aux aguets des évolutions technologiques, et focalisons nos investissements sur celles qui nous semblent matures ou proches de la maturité sur le plan économique.

La France est un cas extrêmement spécifique. Elle a la chance d'avoir été dotée d'un outil nucléaire à une époque où cette énergie était relativement économique. Notez incidemment que c'est le surdimensionnement de l'outil nucléaire qui a conduit notre pays à favoriser le chauffage électrique. L'outil nucléaire dont nous avons hérité est peu émetteur de CO2. Il doit être utilisé au maximum. Quant à construire de nouvelles installations nucléaires, la réponse est beaucoup moins évidente. Ce serait en effet extrêmement coûteux, sans compter les exigences de fiabilité à remplir. Cette énergie présente aussi d'autres inconvénients, parmi lesquels ses déchets mais aussi le risque de prolifération de combustibles pouvant conduire certains pays à accéder à l'arme nucléaire.

Il est sensé de développer l'éolien et le solaire en France. La France a eu raison de ne pas s'empresser d'investir dans l'éolien marin. Les technologies de nouvelle génération qui apparaissent actuellement changent la donne. J'estime même que les projets qui viennent d'être confirmés par le gouvernement affichent des prix trop élevés.

Il doit par ailleurs être mis fin au charbon.

Enfin, il me paraît important que la France maintienne une production de gaz afin de conférer une certaine souplesse au réseau électrique et de contribuer à l'équilibrer. Les pays limitrophes ne seront pas toujours disponibles pour nous aider. Lorsque l'Allemagne aura cessé sa production nucléaire, la part d'énergie contrôlable y diminuera fortement. Ce pays entend également supprimer le charbon à l'horizon de 2037, date qui me paraît d'ailleurs assez éloignée compte tenu des enjeux écologiques. Quoi qui en soit, l'Allemagne sera de plus en plus contrainte sur le plan énergétique. Nous ne pourrons plus nécessairement compter sur elle pour équilibrer notre réseau électrique, comme nous avons pu le faire dans le passé. Outre le gaz, le nucléaire peut nous y aider, mais il manque de souplesse.

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