Intervention de Jean-Louis Butré

Réunion du jeudi 16 mai 2019 à 11h00
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Jean-Louis Butré :

Non, mais j'ai été directeur d'usine Rhône-Poulenc. Il suffit de faire le total. Le président Macron a indiqué que l'on allait tripler le nombre d'éoliennes en France. Mettons que l'on en installe 15 000 : imaginez le nombre de tonnes de béton nécessaires, auxquelles il faut ajouter les mâts, les nacelles, les pales. Si l'on effectue le calcul complet, en tonnes, de cet ensemble, on atteint des chiffres phénoménaux. Si l'on considère uniquement le béton, cela correspond à des camions-toupies qui, mis bout à bout, couvriraient la moitié du tour de la terre. On est ainsi en train de bétonner la France. Tout est possible : on peut tout à fait enlever le béton du sol ensuite. Ce n'est toutefois pas prévu dans les contrats. On peut traiter chimiquement tous les matériaux : mais tout dépend des procédés utilisés, de leur coût et des précautions nécessaires. J'ai lu dans L'Usine nouvelle un article indiquant que l'on enfouissait les pales d'éoliennes. Il faut savoir en effet que ces pales sont constituées de matériaux spéciaux, de plus en plus modernes donc de plus en plus difficiles à traiter. On ne dispose pas aujourd'hui de procédés permettant de les recycler correctement, même si quelques start-up travaillent sur le sujet. C'est une affaire d'argent.

Lorsque l'on cumule tous ces éléments, on ne peut que constater que l'on n'est aujourd'hui qu'au tout début du processus. Vous êtes en train de mettre sur le territoire français des quantités colossales de matériaux, sans avoir le début d'un procédé adapté à un retraitement ultérieur intégral. Dans tous les cas, les 50 000 euros provisionnés sont ridicules au regard des sommes nécessaires. Je dis aujourd'hui aux agriculteurs qui acceptent que l'on implante des éoliennes dans leurs champs que c'est une erreur. En effet, une éolienne leur rapportera environ 10 000 euros par an pendant 20 ans, soit 200 000 euros au total. Or vos entreprises sont des sociétés sans capital, qui ne sont pas responsables du terrain. Le jour où ces sociétés s'en iront, il appartiendra à l'agriculteur de traiter lui-même le problème du démantèlement des éoliennes présentes sur sa parcelle. Or les 200 000 euros gagnés ne lui suffiront pas pour financer le recyclage du béton, des pales et de l'ensemble des matériaux composant l'éolienne, dont certains très difficiles à retraiter. Les Allemands règlent la question en entreposant les pales de leurs éoliennes dans les décharges africaines. Mais on peut aussi envisager pire, c'est-à-dire de vendre les éoliennes usées à des pays du tiers-monde, de façon à se débarrasser du problème.

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