Intervention de Patrice Cahart

Réunion du jeudi 16 mai 2019 à 11h00
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Patrice Cahart :

Vous nous demandez, madame la rapporteure, quelle serait notre recommandation dans le cas où il serait décidé de continuer à promouvoir l'énergie éolienne : elle serait de cesser complètement les aides à l'éolien, notamment terrestre, et de reporter cet effort sur les autres EnR, en particulier le photovoltaïque. En novembre 2018, un communiqué du ministre François de Rugy indiquait que les seize appels d'offres opposant, dans neuf régions, l'éolien terrestre au photovoltaïque, avaient été remportés par le photovoltaïque en termes de prix. Il convient d'ajouter par ailleurs que le photovoltaïque, en plus d'un prix intéressant, est beaucoup moins agressif envers les paysages que l'éolien terrestre. Cela ne laisse donc pas de place au doute : il faut sacrifier l'éolien terrestre au profit des autres énergies renouvelables.

J'ai également des réponses à apporter à M. Thiébaut, qui nous a dit souhaiter disposer de chiffres prévisionnels de subventions. C'est très difficile, car il est nécessaire pour ce faire de figurer l'évolution des prix de l'électricité sur 17 ans. J'ignore si quelqu'un est capable de le faire ; je ne le suis pas. C'est la raison pour laquelle nous avons choisi de ne pas effectuer de distinction entre le contribuable et le consommateur. Les 184 milliards d'euros dont j'ai parlé correspondent à un coût d'investissement, qui sera mis inévitablement à la charge du contribuable ou du consommateur, c'est-à-dire dans les deux cas de la collectivité.

M. Thiébaut s'inquiétait par ailleurs du démantèlement des centrales nucléaires. La prise en compte de cet élément est un argument puissant en faveur des thèses que je vous présente. En effet, le démantèlement des centrales nucléaires actuelles aura lieu de toute façon. Il s'agit d'un fait, d'une nécessité acquise, qui se situe en dehors de notre problématique. Que la loi sur l'énergie soit votée ou non, il faudra bien démanteler ces centrales un jour. La date est très importante, parce que si l'on démantelait maintenant, ce qui serait une conséquence de ce qui est souhaité par les professionnels de l'éolien, le coût de démantèlement serait immédiat et maximum. Si en revanche on démantèle les centrales dans 20 ans, alors il sera possible d'évaluer le coût grâce à un taux d'actualisation. Si l'on retient par exemple un taux d'actualisation de 10 % sur 20 ans, le coût sera diminué de 85 %. Il existe donc un très grand intérêt à différer le plus possible cette charge de démantèlement, qui est certes inévitable et acquise, mais dont la date reste à fixer.

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