Intervention de Jean Lemaistre

Réunion du mardi 21 mai 2019 à 18h30
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Jean Lemaistre, secrétaire général de France Gaz Renouvelables :

La première question à se poser est celle du gisement. En effet, il faut faire un projet en fonction du gisement et pas un projet copié/collé. Il faut aussi définir le type de projet : collectif, avec des voisins, dans un groupe, etc.

Il est vrai que ce sont les éleveurs qui ont démarré cette démarche, par la co-génération pour valoriser leurs effluents. C'était une façon de montrer qu'un déchet peut devenir un produit.

En outre, les éleveurs ont souvent besoin de chaleur. Or la co-généération en produit, ce qui n'est pas le cas de l'injection. Aujourd'hui, le national pousse plus vers l'injection parce que nous avons besoin de sortir du fossile et du gaz, l'électricité n'étant peut-être pas une urgence absolue en France. Mais un éleveur qui a un projet de valorisation de sa chaleur peut tout à fait encore prévoir un co-générateur.

Je rappellerai ici que lorsque nous avons rediscuté les prix de la co-génération, il y a deux ou trois ans, la discussion s'est faite dans la transparence : 80 ou 90 méthaniseurs ont apporté leurs tarifs au gouvernement et à la DGEC de l'époque en totale transparence, l'objectif étant alors d'éviter ce qui avait pu se passer en photovoltaïque.

Par ailleurs, on nous dit qu'il n'est pas possible d'ajuster les tarifs en fonction des externalités. Mais je rappelle qu'en co-génération, il y a à la fois le prix de l'électricité, soit 15 centimes, et une prime effluents, de 5 à 6 centimes selon le pourcentage d'effluents, visant précisément à favoriser les éleveurs. Cela montre bien qu'il est possible d'adapter les prix en fonction de l'intérêt apporté par la pérennisation des élevages, la gestion de l'environnement, voire la création de valeur ajoutée.

Concernant la filière française, nous avons démarré avec l'idée de ne pas faire comme les autres. Mais dans la mesure où il n'existait pas de filière amont pour le matériel, c'est la filière allemande qui est venue – avec un système moins costaud que le nôtre. En effet, quand vous ne mettez qu'un seul produit, qu'il y a un seul entrant et un seul sortant, peu importe la robustesse du matériel. Mais quand vous commencez à mettre plusieurs produits dans le méthaniseur, qu'il faut éventuellement broyer, il faut du matériel plus costaud et moins corrosif. Or le matériel allemand qui est arrivé en France s'est révélé moins fiable – pas nécessairement par la faute des Allemands, mais parce qu'il a été conçu pour un certain type de méthanisation.

Cela a entraîné une augmentation des tarifs et des coûts de production qui n'était pas prévue. De nombreuses start-up et entreprises françaises envisagent donc de créer une filière française. Mais ce ne sera possible que lorsqu'il existera une véritable dynamique. Les outils existent, mais seules l'industrialisation et la massification permettront de faire baisser les tarifs. Encore une fois, c'est l'histoire de la poule et l'œuf. En tout cas, nous pouvons créer une filière franco-française liée à une méthanisation qui réponde aux enjeux du climat et des territoires sans toucher à l'alimentation, avec du matériel adapté. C'est même notre objectif. C'est la raison, dans notre filière, de l'Association Technique Energie Environnement (ATEE) et la filière amont de matériel. Pour nous, il est essentiel de pouvoir aussi développer cette filière-là.

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