Intervention de Olivier Dauger

Réunion du mardi 21 mai 2019 à 18h30
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Olivier Dauger, co-président de France Gaz Renouvelables :

Il est un peu compliqué d'évaluer le retour sur investissement sachant qu'il y a très peu de méthaniseurs d'injection et qu'ils sont tous assez récents et différents. Nous avons entamé de travail – d'où la demande d'une échéance à 2023, qui permettra d'avoir un peu plus de recul. Les acteurs en co-génération nous ont alertés sur ce point. J'ai participé à la négociation sur les tarifs de la co-génération, et je me souviens qu'on affirmait que les moteurs allemands duraient 8 ans. Pourtant, il a fallu les changer au bout de 4 ans. Ce n'était pas prévu dans le plan de départ. D'où l'importance d'avoir du recul. Aujourd'hui, on compte une dizaine de méthaniseurs, dont la plupart ont deux ou trois ans. Cela ne permet pas d'évaluer le retour sur investissement, même si, vous avez raison, il est très important de le connaître.

Concernant le coût, le gisement est entre 85 % et 90 % agricole. Le reste n'est pas agricole. C'est une complémentarité – nous sommes d'ailleurs là pour parler de tout le monde. Il va de soi qu'une taille critique est nécessaire, mais un méthaniseur agricole peut être relativement compétitif avec un méthaniseur plus gros. En effet, les coûts du méthaniseur agricole, qui concernent les coûts de fonctionnement, viennent notamment de la main-d'œuvre. Dans une ferme, un méthaniseur est un élevage de bactéries. C'est la raison pour laquelle il est assez naturel, pour un agriculteur, d'évaluer la ration à mettre dans le méthaniseur pour équilibrer les bactéries. Les agriculteurs sont habitués à le faire avec leurs animaux. Ils sont également habitués aux astreintes. Si le méthaniseur tombe en panne à 3 heures du matin, l'agriculteur se lève sans hésiter. Dans une entreprise privée, c'est plus compliqué. Soit il faut des salariés en permanence, soit vous attendez le matin pour réparer le méthaniseur mais vous perdez plusieurs heures de fonctionnement.

Ces éléments sont compliqués à évaluer, a fortiori sans recul. Quoi qu'il en soit, nous pensons qu'au tarif actuel, nous sommes relativement bien placés. Mais c'est la brutalité de la descente qui gêne. Nous savons qu'il faudra travailler la descente. C'est important, sachant qu'un tiers du méthaniseur vient du béton, dont le prix ne baisse pas. Le Grand Paris n'aide d'ailleurs pas à le baisser, étant donné qu'il n'y a quasiment plus de bétonnières. Le deuxième tiers vient de l'alimentation du méthaniseur. Aujourd'hui, il s'agit de déchets qui ne coûtent pas cher parce que les gens sont encore bien contents de s'en libérer. Toutefois, on sent déjà une certaine tension, notamment dans ma région, avec la proximité de la Belgique où les déchets sont vendus. Cela risque de jouer, à terme, sur les retours sur investissements.

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