Intervention de Gilles Vermot Desroches

Réunion du mardi 28 mai 2019 à 17h00
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Gilles Vermot Desroches, directeur du développement durable de Schneider Electric :

C'est une excellente question, à laquelle je pense que personne aujourd'hui ne peut apporter de réponse définitive. On peut néanmoins apporter quelques éléments à prendre en compte.

Le premier élément est probablement très à distance de votre question mais paraît très contributif si on reste strictement sur le périmètre africain. En effet, on pense qu'en 2030, 600 millions d'Africains n'auront toujours pas l'électricité, en n'oubliant pas, dans ce chiffre, qui est une mauvaise nouvelle, d'écouter la bonne nouvelle, c'est-à-dire que le même nombre d'Africains auront acquis l'électricité dans le même temps.

La croissance démographique africaine est telle que même si ce même nombre de personnes n'ont pas l'électricité, beaucoup d'autres en obtiennent l'accès. 300 000 villages africains aujourd'hui n'ont pas d'électricité. Schneider Electric a implanté une solution de minigrid qui a été mise en valeur dans le cadre du One Planet Summit, se trouvant sur l'un des lieux où habitait une personne qui avait rencontré au moment du lancement de l'Alliance solaire internationale le Président de la République. L'installation de ces minigrids présente une pertinence économique. C'est une capacité technologique mature aujourd'hui. Le fait que des entreprises comme les miennes se mettent à implanter des minigrids et à en vendre par milliers dans tous les pays d'Asie du Sud-Est, d'Inde et d'Afrique témoigne d'une évolution profonde des technologies, jusqu'à maintenant du moins. Il se peut que ce soit différent à l'avenir mais l'histoire montre que cette évolution des technologies va toujours vers la réduction des coûts. Des solutions qui étaient installées de manière expérimentale jusqu'à il y a quelques années se déploient aujourd'hui ailleurs dans le monde de manière assez massifiée par des grandes recherches de contrats de plusieurs dizaines ou centaines de minigrids à installer à peu près au même moment.

Le retour de cette logique, qu'on appelle la reverse economy, fait que ces évolutions technologiques joueront forcément un rôle, y compris dans les pays matures comme les nôtres. La qualité du réseau électrique, son prix et la stabilité de l'électricité en France ne sont atteints nulle part ailleurs dans le monde. Si vous faites une analyse des coupures d'électricité dans le monde, vous verrez qu'aucun autre pays du monde, même des pays très développés, n'atteint les résultats de la France. Il faut bien considérer que la réflexion qui est la nôtre est liée à un réseau bien plus pertinent, de meilleure qualité et peu émetteur en carbone, très différent des autres.

On peut considérer que pour répondre aux enjeux de climat dans la transition énergétique, il est nécessaire à tous les autres pays :

- de bouger technologiquement et de faire autrement leur production électrique

- comme nous, de faire le plus rapidement possible un transfert vers l'électricité de tout autre type de consommation bien plus émettrice de carbone.

Il peut apparaître bon que la France ne soit pas complètement en dehors de ces évolutions technologiques et industrielles, y compris pour son avenir, quand le Parlement, le pays décide d'arriver à une part de nucléaire à 50 %. Soit en autoconsommation, soit dans des systèmes plus collectifs, les énergies renouvelables deviennent pertinentes.

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