Je pense qu'il y a toujours une prégnance importante des modes de pensée et des historiques d'une part. D'autre part, la base installée dans un pays (le nucléaire en France, le charbon aux États-Unis) n'est pas quelque chose que l'on peut et que l'on doit rayer d'un trait de plume car ce sont des actifs, des personnes et des compétences, et les transitions ne sont pas nécessairement progressives. Il ne s'agit pas de prêcher vers du tout renouvelable car le nucléaire continuera à être une partie importante du mix énergétique français dans les années qui viennent du fait de notre historique et du fait qu'il demeure une source d'énergie à peu près compétitive et qui n'émet pas de carbone. Entre cela et le statu quo total, il y a différentes gradations. Ce n'est pas à moi de trancher mais aux pouvoirs publics et aux opérateurs. GE est un groupe actif dans le nucléaire et dans l'éolien.
En tout cas, concernant la prise de décision publique, quand je rentre en France de temps en temps après avoir voyagé partout dans le monde, en ouvrant la presse, je lis des choses qui ne sont pas correctes et qui ne peuvent pas être des facteurs de décision. Dire que l'éolien est trop cher est faux. L'éolien aujourd'hui, surtout si nous avions les bons dispositifs réglementaires et la capacité à faire des projets rapidement, n'est pas trop cher. Dans des conditions opératoires normales, il n'existe aucun pays du monde où l'éolien est plus cher que le fossile.
Ce n'est pas mon rôle de vous dire quelle doit être la part du nucléaire dans le mix. Ce que je sais, c'est qu'aujourd'hui en France, le solaire et l'éolien doivent représenter 5 % chacun et les énergies renouvelables intermittentes 10 %. On pourrait gérer en France des pourcentages beaucoup plus importants d'énergies renouvelables dans le réseau (15, 20, 25 ou 30 %). Ce qui est vrai en dehors des frontières est vrai dans les frontières. La permanence des modes de pensée doit être confrontée à la réalité globale des marchés des technologies.