. Le collectif Allier citoyen est l'un des plus anciens collectifs de vigilance créé en France, il y a plus de douze ans. L'invasion d'opérations d'énergies renouvelables dans l'Allier a entraîné la concertation entre plus de 40 associations, aboutissant souvent au même constat, de sorte que ce collectif a pris de l'ampleur. Nous avons été le premier émetteur en France de « l'appel des cinq mille associations » lancé à la suite de l'adoption des articles de la loi de programmation fixant les orientations de la politique énergétique (POPE) proscrivant un enrichissement excessif des producteurs d'énergies renouvelables. À ce titre, notre collectif a été reçu officiellement par la commission de régulation de l'énergie (CRE), en 2010, à l'époque où M. de Ladoucette en était le président. Nous avons accumulé un certain nombre de matériaux qui ont bénéficié à beaucoup d'associations en France. Nous disposons d'une documentation importante.
Les énergies renouvelables sont peut-être, à Paris, un restaurant trois étoiles où tout le monde se presse, mais dans l'Allier, nous en sommes les cuisines et les poubelles. J'insisterai donc sur l'impact de ces opérations et sur leurs dégâts collatéraux tels que nous les vivons tous les jours, tout en précisant que, contrairement à certaines rumeurs, nous ne sommes ni anti-ceci ni anti-cela, nous sommes pour le développement durable, mais nous sommes parfois contraints de lutter contre des agressions.
Nous avons intitulé notre exposé « Du rêve à la réalité : quel est l'impact de l'éolien et des énergies renouvelables au niveau local ? ».
Je résumerai en quelques mots le constat fait depuis dix ans par nos associations : un bilan calamiteux, 120 milliards d'euros dépensés, une production non adéquate aux besoins, un tarif exorbitant qui n'est jamais justifié, une paupérisation et une précarisation énergétique considérable et surtout un saccage et un mitage du territoire avec des dégâts collatéraux désormais insupportables de tous ordres : économie, agriculture, environnement, atteinte aux libertés, fléau des lobbys.
Cette prolifération anarchique est tellement importante que le département de l'Allier a voté solennellement, en séance plénière, l'année dernière, une motion pour exprimer sa vive inquiétude et son désarroi. Nous savons que d'autres départements comme le Cantal ou la Charente-Maritime ont rallié cette démarche. Le département de l'Allier a été l'un des premiers à réagir, en raison même de l'antériorité de notre association, signe que nous avons été envahis un peu plus vite que les autres.
Au Sénat, en séance publique, le 21 novembre 2009, des propos prémonitoires avaient déjà bien décrit cette situation : « Un syndicat des énergies renouvelables se déploie méthodiquement sur le territoire et utilise pour cela des méthodes contestables. Des sociétés étrangères sollicitent les détenteurs de terres et leur font miroiter des avantages à court terme ».
Le premier rapport sur les énergies renouvelables et les éoliennes produit par l'Assemblée nationale, en 2010, avait conclu que « le niveau et la pertinence de ce prix n'ont jamais donné lieu à un débat politique, le Parlement n'ayant eu qu'à constater ces données économiques majeures, bâties de toutes pièces par les administrations ».
Depuis le décret 2009-252, le supplément de rémunération servi aux producteurs, du fait de leur contribution à l'atteinte des objectifs n'est plus justifié. Pourquoi gardent-ils un supplément de rémunération dans la mesure où leurs résultats ne sont pas là ?
Pour évoquer la ruée vers l'effet d'aubaine, je citerai encore les propos des députés : « Leurs promoteurs sont souvent apparus à la mission, du moins en France, comme des intervenants économiques d'une nature plus financière qu'industrielle. À quelques exceptions près, leurs qualités d'énergéticien s'étaient révélées secondaires par rapport à celles de développeurs de business, pour des rendements élevés et assurés ».
Voilà ce que nous vivons sur le terrain tous les jours. Plus de quarante promoteurs battent le terrain dans l'Allier actuellement, sans qu'aucune concertation ne soit faite et, bizarrement, ils sont souvent seuls sur les communes considérées ! L'obligation de rachat conduite à prix ferme et garanti appelle l'avidité de quelques-uns.