Intervention de Ludovic Grangeon

Réunion du jeudi 6 juin 2019 à 14h00
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Ludovic Grangeon, Collectif Allier citoyen :

. J'ai été directeur général de la société Prodith à Lyon, l'un des principaux concessionnaires en énergie pour la région Rhône-Alpes. Je l'ai certifiée ISO 9000 et ISO 14000, parmi les premières en France.

À titre personnel, je suis très étonné de revoir cette vieille technologie d'éolienne, du modèle de Poul La Cour. Les éoliennes tripales « modernes », avec le laboratoire national d'essais, promu par EDF à l'époque, ont réalisé les premières expérimentations d'éoliennes en France à Nogent-le-Roi, où une éolienne de 600 kWh tournait déjà dans les années 1950. Ce procédé avait été testé et refusé. Aujourd'hui, ces éoliennes sont promues en raison de leur bas coût. Sur le marché d'occasion, sur des sites comme alibaba.com, sur le marché international du refurbishing, vous trouvez une éolienne d'occasion de grande marque d'une capacité de 1,5 à 2 MWh à un prix oscillant entre 300 000 et 600 000 euros.

Ceux qui sont allés aux Jeux olympiques de Londres se sont promenés parmi des parcs urbains d'éoliennes sans le savoir. Un inventeur français, l'ingénieur Darrieus, membre de l'Académie des sciences, a inventé les fameuses turbines de Darrieus qui font l'objet de brevets dans le monde entier. Un autre grand écologiste a inventé des éoliennes modernes dont on parle peu, qui sont bien moins nuisantes. Il s'agit du commandant Cousteau et du procédé Malavard, du nom du professeur Malavard, autre membre de l'Académie des sciences, qui a inventé les fameux mâts à aspiration. Même nos amis allemands exploitaient ce procédé, puisqu'un cargo équipé de ce mode de propulsion faisait la liaison régulière Hambourg-New York dans les années 1930. En outre, installer, comme on le fait en Grande‑Bretagne, de petites éoliennes à effet de turbine de Darrieus sur les immeubles, réduit la facture d'électricité du destinataire puisqu'ils interviennent en délestage selon la technique des particuliers qui installent des panneaux solaires sur leur toit.

Ces procédés sont beaucoup plus modernes. Je ne suis pas du tout anti-éolien, je suis consterné que des acteurs spéculatifs aient fait main basse sur des procédés obsolescents, qui ont surtout pour mérite de générer le maximum de marge sans offrir de performances techniques intéressantes. Plus on multiplie la taille de ces machines en rase campagne, plus cela devient une aberration et plus les pertes sont fortes. Le directoire du laboratoire national d'essai des éoliennes, l'ancien Risø, l'a démontré il y a deux ou trois ans. Il existe même dans les documents de WikiLeaks un rapport interne de Vestas qui montre tous les problèmes posés par l'augmentation de la taille des éoliennes de modèle Poul La Cour.

Pour répondre plus précisément à votre question technique, une commune qui se vante d'obtenir des recettes avec une éolienne basique telle que les lobbys la proposent aurait intérêt à regarder ce que font les Londoniens ou la ville de Lyon, où une éolienne fixée sur le toit du siège d'une compagnie de travaux publics fonctionne très bien. Pourquoi ne pas pourvoir les bâtiments communaux de ces éoliennes qui ont un bien meilleur rendement parce qu'elles ne doivent pas être orientées au vent ? Cela soulagerait leur facture énergétique, voire rendrait leurs bâtiments à énergie positive.

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