Intervention de Jean-Pierre Riou

Réunion du jeudi 6 juin 2019 à 14h00
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Jean-Pierre Riou, chroniqueur indépendant sur les questions d'énergie :

. Le refoulement entraîne d'abord des coûts liés à l'équilibre du réseau et aux mesures de redispatching, c'est-à-dire d'arrêt d'un moyen de production pour en redémarrer un autre quand les lignes sont saturées. En France, il y a des milliers de kilomètres de lignes à haute tension. Quand elle était ministre, Delphine Batho avait bien dit qu'il fallait de nouvelles lignes de transport pour les énergies renouvelables. Lors de son audition, François Brottes a cité le chiffre de 5 milliards d'euros par an pour le réseau. Je n'avancerai pas de chiffre, mais il est certain qu'en Allemagne, restructurer et redimensionner le réseau coûtent plusieurs milliards d'euros, puisque les dispositions à prendre ne dépendent pas seulement de la puissance à acheminer vers le consommateur mais aussi de la puissance à refouler.

La corrélation entre quantité de vent et production apparaît clairement sur le site EPEX Spot. Chaque fois qu'on annonce que l'Allemagne vient de battre un record éolien, avec 65 % de la consommation couverte par la production renouvelable, dont 40 % pour les éoliennes, je vais directement sur EPEX Spot où je vois des prix négatifs. Quand il y a un record éolien, les prix tombent en dessous de zéro ou, à tout le moins, très bas. S'il y a un record éolien un dimanche, c'est forcément négatif. Plus il y a de vent et moins l'électricité vaut cher. La concurrence instillée dans le système électrique dissuade d'investir. Sans subvention, le métier de producteur d'électricité est difficile. Dans la mesure où chaque fois qu'il y a un coup de vent, le prix descend et peut même devenir négatif, on a investi dans un outil de production, centrale nucléaire ou autre, dont on ne peut se servir. Cela pose un problème dans la mesure où l'on ne peut pas se passer des centrales pilotables.

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