M. Bouvier a raison. J'habite dans un département où aucune éolienne n'est installée. C'est lié à l'histoire : entre le territoire classé au Patrimoine mondial de l'Unesco, une centrale nucléaire et une métropole, les périmètres de protection concernent 80 % du département ; les corridors éoliens sont donc limités, sauf dans le sud-est du département – le Lochois et Sainte-Maure-de-Touraine-Richelieu aux confins de la Vienne. En conséquence, les opérateurs n'exercent pas de pression mais beaucoup de développeurs prospectent malgré tout les territoires, pas à pas, pied à pied. Ils vont voir les agriculteurs en leur faisant miroiter des rentrées importantes d'argent. Le travail de lobbying qu'évoquait M. Bouvier est particulièrement efficace : ils ont développé un modèle très convaincant – une machine à broyer qui passe en force… Le travail est réalisé en catimini, ils verrouillent les acquisitions foncières et, une fois les contrats signés, enclenchent toujours le même processus. Différents recours sont déposés mais, après un certain temps, l'autorité administrative, sous la pression du Gouvernement, au motif que la loi LTECV vise à développer les énergies vertes, cède et le projet est imposé, contre l'avis de tout le territoire – élus et habitants. Seul l'opérateur fait alors une bonne affaire : il ne s'agit pas de philanthropie puisque neuf projets sur dix sont revendus dans les deux ans à des fonds de pension. C'est une machine à cash, rien d'autre !