En Berry, au sud du département de l'Indre, aux limites de la Haute-Vienne et de la Creuse, se trouve le parc naturel régional de la Brenne. Un PNR à vocation ornithologique de 5 000 plans d'eau et zones humides, entouré de prairies, de pâturages, de terres boisées et bocagères.
Localement, le fonds de commerce de tourisme réside dans les espaces naturels préservés – faune, flore, panorama, paysages vierges, architecture traditionnelle, calme et repos. Notre présence, dans le cadre de la présente commission d'enquête, répond à notre mission de défendre les intérêts des touristes, des professionnels du tourisme et des entreprises qui en dépendent directement et indirectement.
L'axe de développement potentiel, créateur d'emplois, des économies du sud Berry, du Nord-Poitou et du Limousin, réside dans le tourisme, l'agriculture et l'artisanat. Depuis 1989, des centaines de millions d'euros ont été investis et dépensés dans le parc naturel de la Brenne pour la préservation de l'environnement et le développement local du tourisme naturel et culturel.
Pour attirer la clientèle, principalement urbaine, de tourisme de nature, ce sont des paysages et panoramas vierges de toute présence industrielle et artificielle, qui sont mis en valeur à travers les nombreuses campagnes de communication – Berry province, Gites de France, destination Brenne et autres référencement sur les sites touristiques.
Si des machines électro génératrices géantes, impossibles à cacher, devaient faire leur apparition dans le paysage, il serait impossible de continuer à communiquer pour la promotion du caractère sauvage et naturel préservé du territoire, sauf à diffuser des documents touristiques mensongers en sélectionnant les prises de vue.
L'offre touristique départementale de l'Indre concerne plus d'un millier d'établissements – hôtels, restaurants et débits de boisson. Les sites touristiques les plus fréquentés, en 2017-2018, ont attiré plus de 250 000 visiteurs : château de Valençay, maisons du PNR, maison de George Sand, réserve zoologique de la Haute-Touche, châteaux d'Azay-le-Ferron.
Les économies de nos communes, majoritairement classées en zone de revitalisation rurale (ZRR), sont extrêmement fragiles. Selon Marc Fleuret, président de l'Agence de développement touristique de l'Indre (ADTI), et Gérard Blondeau, conseiller départemental, ce sont des milliers de touristes accueillis en Brenne qui contribuent au développement économique du département.
La conséquence d'un environnement artificialisé entraînerait l'altération des panoramas et des paysages naturels, l'affaiblissement de la biodiversité et la perte de l'identité rurale du territoire, seules richesses touristiques. La conséquence immédiate et irréversible en serait la baisse, voire la disparition totale du tourisme de nature, avec la fermeture pure et simple des établissements qui en dépendent.
Pour la défense de l'intérêt des touristes et des hébergeurs, estimer la réalité des conséquences de la présence des éoliennes industrielles géantes sur le choix de destination touristiques, particulièrement dans et autour du PNR, compte tenu de sa spécificité ornithologique, était une mesure qui s'imposait.
En novembre 2017, un sondage effectué pendant l'été a été rendu public. Ce sondage s'est déroulé sur quatre sites d'hébergement dans deux communes du PNR – gîtes, chambres d'hôte, campings. Il a porté sur un corpus de 1 280 touristes de plus de dix-huit ans. La méthodologie d'enquête a consisté à interroger les touristes en visite dans le parc naturel, en vertu de ses spécificités – flore, faune, avifaune, paysage, etc. La répartition géographique est précise. Elle concerne les communes de Chalais et de Luzeret, dans l'Indre, avec, pour cette dernière, une forte participation de vacanciers de l'Europe du Nord – Belgique et Pays-Bas.
L'échantillon a été interrogé en contact direct sur son lieu de vacances. Le résultat est sans appel. Selon la visibilité et la proximité des machines du lieu d'hébergement, quatre-vingt-dix-sept des sondés changeraient de destination touristique pour leurs vacances. L'étude plus détaillée du sondage est disponible en ligne.
Nous comptons 14 000 résidences secondaires dans l'Indre. Ces dernières, comme les touristes de nature qui ont choisi le PNR de la Brenne pour son environnement, ses espaces naturels et ses paysages préservés, n'auront plus envie de venir ni de continuer à investir dans des travaux pour la restauration de leur patrimoine immobilier.
En immobilier, il est une règle incontestée des professionnels : la valeur d'un bien est en premier l'emplacement, en deuxième, l'emplacement et en troisième, l'emplacement… Malheureusement, dans la recherche d'un lieu de villégiature, personne ne louera ou n'achètera un bien à proximité d'une zone industrielle d'aérogénérateurs géants.
À proximité de ces aérogénérateurs, l'impact sur l'effondrement de l'économie locale sera proportionnellement le même pour la fréquentation et la valeur de résidences secondaires, qui se verraient désaffectées, comme le tourisme.
Selon ses statuts, AHTI doit exercer et garantir un fort niveau de vigilance concernant la préservation des espaces naturels, de la biodiversité, des paysages, des panoramas et de l'architecture rurale traditionnelle. En effet, leur préservation est intrinsèquement liée à la pratique du tourisme de nature.
La dégradation galopante de notre environnement est maintenant de notoriété publique – publications du ministère de la transition écologique et solidaire et du Commissariat général au développement durable (CGDD). Au niveau national, 22 % des oiseaux communs ont disparu ces vingt-cinq dernières années, 38 % des chauves-souris, ces dix dernières années et 70 000 hectares sont artificialisés chaque année. Les chiffres de la dégradation de la biodiversité et des espaces naturels sont de notoriété publique.
Après le niveau national, abordons le niveau local et la spécificité ornithologique du PNR de la Brenne et des zones humides et bocagères qui l'entourent, en Berry, Poitou et Limousin. Zones humides d'importance internationale qui hébergent ou voient passer les trois quarts des 365 espèces d'oiseaux protégés en France. La Brenne, pays aux mille étangs comporte, en réalité, 5 321 plans d'eau, représentant 7 621 hectares.
Cent soixante des deux cent dix-sept espèces nicheuses françaises se reproduisent en Brenne. En hivernage, les étangs retiennent, entre autres, plus de 12 000 canards et sarcelles, 900 grèves, 3 000 foulques et 900 grands cormorans. Trente et une populations d'espèces rares d'oiseaux fréquentent la Brenne et ses alentours, où ils viennent s'y réfugier, se nourrir, se reproduire et se reposer – pour les migrateurs de passage. La Brenne se trouve en plein dans les couloirs de migrations des grues cendrées, selon un axe sud-ouest nord-est. Leur passage, tous les six mois, est une importante attraction touristique locale.
La biodiversité de la Brenne au rayonnement international et l'activité de tourisme de nature sont actuellement menacées d'être encerclées et incluses dans la zone d'impact de plus d'une dizaine de projets de création de zones industrielles d'aérogénérateurs géants. Si elles devaient se réaliser, ces zones industrielles comprendraient l'implantation de plus de quatre-vingt-trois machines de quelque 200 mètres de haut, sur un itinéraire de 30 kilomètres, en barrage, dans les couloirs des migrations de l'avifaune qui, par habitude s'arrête, attirée par les riches zones humides, pour se nourrir et se reposer.
La réglementation impose, pour chaque projet de zone industrielle éolienne, une enquête publique d'impact, visant à recueillir les avis et les observations de la population. Nous avons participé à une enquête pour l'implantation de vingt éoliennes géantes, au bord du PNR, à Thollet et Coulonges, dans la Vienne, et alerté les préfectures de la Vienne, de l'Indre et, récemment, le tribunal administratif de Limoges, que ces études sont des modèles en matière de désinformation du public, par l'omission volontaire de communiquer certaines données, telles que l'intermittence de production, le facteur de charge, et le fait qu'une éolienne ne peut fonctionner seule et doit être reliée en permanence pour pouvoir fonctionner en tandem avec d'autres unités de production électrique pilotables, telles que les centrales thermiques au gaz, charbon, lignite, émettrices de CO2 ou les centrales nucléaires.
Prétendre, en ne faisant pas état de ces informations, qu'une unité de production éolienne peut alimenter à elle seule, en électricité, des milliers de foyers est une information mensongère, au même titre que les photos montages truquées, dont voici un exemplaire parmi des centaines.