Intervention de Patrice Geoffron

Réunion du mardi 2 juillet 2019 à 18h30
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Patrice Geoffron :

. Nous sommes très en amont d'une capacité massive d'effacement. Le compteur Linky, brique technologique essentielle dans ce contexte, est en cours de déploiement. M. le président m'avait convié à une autre commission où nous avions pu échanger sur Linky. Il ne s'est pas passé grand-chose depuis, notamment parce que les fournisseurs n'ont pas fait d'offres incitant les ménages à adopter des pratiques d'effacement. Dans la configuration actuelle, la situation ne devrait pas évoluer beaucoup dans les prochaines années.

En revanche, l'effacement industriel est déjà très développé. Est-il toujours vertueux pour l'environnement ? On peut en douter si l'effacement industriel consiste à passer du réseau à un groupe électrogène pour se fournir en électricité. Cela étant, le recours à un groupe électrogène permet de décharger le système lors de pics.

Pour écrêter la pointe, de manière structurelle et à long terme, il faut améliorer l'efficacité thermique dans le bâtiment – sujet sur lequel on peine à décoller. En tant que citoyen plus qu'en tant qu'expert très pointu sur ces questions que mon équipe regarde d'un peu loin, j'observe qu'il existe une forme de consensus en ce qui concerne les objectifs d'efficacité thermique dans le bâtiment. Il peut y avoir de grands débats sur les éoliennes – l'endroit où les installer et la pertinence de ce type d'investissements –, alors que le consensus national ne s'est pas fissuré sur l'efficacité thermique.

Ce thème aurait d'ailleurs pu être un élément de l'équation de la résolution de la crise des « gilets jaunes ». En amont de la violente montée de la taxe carbone qui avait été décidée, on aurait pu imaginer une forme de compensation liée à une accélération des efforts d'efficacité thermique et un fléchage de leur financement. C'est ce que j'ai compris des revendications d'un certain nombre de « gilets jaunes » aux prises avec des contraintes de mobilité. Ces contraintes auraient pu être perçues différemment si, en amont, nous avions été beaucoup plus avancés sur la diffusion des bénéfices de gains d'efficacité dans le bâtiment.

Au moment où la crise était à son plus fort, j'ai été invité aux Assises européennes de la transition énergétique à Dunkerque. J'y suis évidemment allé en TGV. Le pays était sous la neige et j'ai compris ce qui se passait dans les Hauts-de-France : les gens voyaient la transition énergétique sous forme de taxes et d'éoliennes, ce qui n'a pas dû beaucoup changer. Nombre de nos concitoyens ont du mal à percevoir l'intérêt individuel de cette transition. Or l'accélération des efforts d'amélioration de l'efficacité thermique dans le bâtiment est un objectif de politique publique récurrent et ciblé depuis une douzaine d'années.

Ces difficultés de décollage ont plusieurs causes. À l'université, s'il fallait diplômer trois fois plus d'étudiants en trois ou quatre ans, on se rendrait assez rapidement compte qu'on ne sait pas le faire. Je pense que nous nous sommes heurtés à une problématique de cet ordre dans le domaine de l'efficacité thermique dans le bâtiment. Une telle explication pouvait être pertinente en 2015 mais nous sommes en 2019. Du temps est passé. Cela ne répond pas totalement à votre question sur l'agilité qu'il faut déployer pour écrêter les super-pointes électriques. En la matière, nous avons moins besoin d'une efficacité que de bâtiments adaptés et d'un effort constant dans ce domaine.

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