. En tout cas, nous avons beaucoup de normes. Il faut s'interroger sur notre aptitude à normaliser. Nous sommes bien configurés pour créer des normes mais pas toujours pour les appliquer. L'Agence européenne pour l'environnement fait aussi observer que la France n'est pas le pays qui évalue le plus, ex ante ou ex post, les conditions d'application de ces normes.
La question de la valeur est très délicate. Depuis des générations, nous avons ce merveilleux tarif d'électricité qui n'évolue que par palier, chaque évolution étant perçue comme une violation du contrat social. Cette situation soulève deux difficultés.
La première difficulté est d'ordre cognitif. Nous allons vers des offres plus diverses, plus complexes. Il faut s'assurer de la capacité de nos concitoyens à adopter ces offres, à les comprendre et à en tirer les bénéfices. Dans le monde des technologies de l'information, nous sommes entrés assez rapidement dans un maquis d'offres. L'Autorité de la concurrence a dû se saisir de ces questions et des médiateurs sont intervenus. Il ne faudrait pas que nous soyons confrontés à la même difficulté dans le domaine de l'énergie, notamment parce que les enjeux sont encore plus aigus que dans celui des télécommunications.
La deuxième difficulté tient au fait que nous devons avoir le souci d'un phasage dans les priorités. Nous aurons plus de latitude pour libérer la formation du prix de l'électricité si nous considérons collectivement que c'est un levier et si des efforts préalables de gains d'efficacité dans le bâtiment ont été accomplis. Nous aurons un problème collectif si ces offres se diffusent alors que des passoires thermiques subsistent encore dans une partie significative du parc immobilier. Nous devons être vigilants sur ce point. Les « gilets jaunes » ont émergé notamment à cause de la taxe carbone, il ne faudrait pas que les prix de l'électricité provoquent le même type de réaction.