Je ne suis pas certain que la question soit si simple que vous le dites. Très prosaïquement on peut considérer que 70 % des exportations russes relèvent d'énergies fossiles, un pourcentage qui dépend du niveau des prix. L'Algérie se trouve dans une dépendance encore plus aiguë, dont il n'est pas simple de sortir. Nous serons dès lors placés dans l'obligation, peut-être douloureuse, de trouver des mécanismes de coopération et de réallocation.
Mais l'alternative devant laquelle votre question nous plaçait ne me semble pas soutenable. D'une part, les Européens ont une responsabilité particulière, historique, puisque les pays de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) ont émis au XXe les deux tiers des émissions de dioxyde de carbone, qui sont toujours dans l'atmosphère,
D'autre part, a fortiori avec un voisin comme la Russie, nous serons dans l'obligation de nous entendre. La Russie aura ses propres contraintes : elle devra notamment trouver des solutions si elle venait à constater la transition et l'effondrement de ses prix, parallèlement à la chute de ses débouchés vers une Europe très efficace, qui produirait par exemple du biométhane.
De ce point de vue, et pour terminer par une observation géopolitique, dans le monde qui nous entoure, le moins que nous puissions dire est que nous sommes très loin d'entrevoir ce type de solutions. Certes, les ingénieurs ont bien fait leur travail et nous avons à disposition plus de solutions que nous ne pouvons en déployer. Au travers de vos questions, nous nous interrogeons sur les bons équilibres. Mais, si nous avons de nombreuses technologies à bas carbone, nous ignorons la manière de passer le col des émissions et d'aborder de façon pacifique le monde qui vient.