Monsieur le président, madame la rapporteure, j'ai consacré trente-trois ans de ma carrière au transport de l'électricité, en commençant dans un bureau d'études. Dans les années soixante-dix, j'ai travaillé au développement des réseaux régionaux dans l'Est et j'ai vu comment, lors de la grande panne de 1978, la connexion avec le réseau allemand avait épargné l'Alsace et la Lorraine. De la même manière, en 1987, le Sud-Ouest a échappé au black-out qui a touché l'Ouest de la France car il est resté accroché au réseau espagnol. L'élaboration et le suivi de budgets d'investissement m'ont par la suite aidé à forger une vision à moyen terme et à long terme des besoins. Quant à mes passages en exploitation, directement sur le terrain, ils m'ont permis d'être en contact avec les personnes qui surveillent les ouvrages, les maintiennent en bon état de fonctionnement et les réparent. En 1987, j'ai connu un sabotage du côté de Tavel : des grappins ont été lancés sur des lignes de 400 000 volts qui longent la vallée du Rhône et cela a eu des répercussions jusqu'en Autriche. La catastrophe a été évitée de peu. À la fin des années quatre-vingt-dix, j'ai dirigé le centre de dispatching régional situé à Lyon où j'ai eu à gérer les conséquences de la tempête de 1999. Nous avons mis à profit l'expérience du black-out de 1978 marqué par une remise en charge trop rapide des centrales qui avait provoqué un nouvel écroulement ; nous avons privilégié une montée en charge progressive du réseau, qui est la procédure inscrite dans les plans de reprise élaborés en amont. En 2006, j'ai terminé ma carrière en tant que directeur de la région Rhône-Alpes-Auvergne avec pour mission de veiller à l'entretien, au développement et à l'ingénierie du réseau régional.
Je me tiens prêt pour répondre à vos questions concernant les problèmes de stabilité, de reprise des réseaux et les moyens d'éviter l'effet domino d'écroulement des lignes. Pour assurer l'équilibre entre la production et la consommation, des plans de fonctionnement sont définis chaque jour en fonction de prévisions élaborées un an avant, un mois avant, un jour avant. Il y a en particulier une procédure qui prend en compte la perte d'un élément important du réseau, qu'il s'agisse d'une ligne à 400 000 volts ou d'un groupe de production, de manière que les manques à transiter ou à produire se reportent sur les autres groupes ou lignes. Toutefois, lorsqu'il y a plusieurs incidents de ce type, les reports s'accroissent et plus on charge les autres lignes, plus elles déclenchent, par effet de surcharge, un effet de domino : tout tombe et tout s'isole.