Intervention de Henri Granger

Réunion du mercredi 17 juillet 2019 à 14h10
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Henri Granger, ancien directeur de RTE pour la région Rhône-Alpes-Auvergne :

En ce qui concerne les lignes d'interconnexion – notamment celle avec l'Espagne, dont il a été question –, on considère en général que, pour qu'un pays puisse bénéficier du réseau européen, il faut que la liaison représente au moins 10 % de la puissance installée de ce pays, de façon à ce qu'un échange soit possible. L'Espagne est déficitaire ; c'est pour cela qu'elle a intérêt à augmenter ses liaisons d'interconnexion avec la France et le reste de l'Europe. Quant à l'Italie, son problème est simple : elle n'a pas d'énergie. Elle en importe du matin au soir, elle tire sur le réseau européen quasiment en permanence.

S'agissant des erreurs qui pourraient être commises dans un pays et auraient des conséquences sur ses voisins, il existe quand même, en France, un système de protection qui permet de sauver non seulement le réseau, mais aussi les centrales – car un arrêt brutal peut entraîner des casses de matériel, notamment des alternateurs, et il en va de même si les centrales sont trop sollicitées, aussi bien en sous-vitesse qu'en sur-vitesse. Nous avons des protections par zones : il existe trois ou quatre grandes zones qui permettent d'équilibrer un peu la production et la consommation. Cela permet d'éviter, par exemple, qu'en cas d'effacement des centrales de la vallée du Rhône, ce soit Gravelines qui alimente Nice. Il existe donc ce que nous appelons des « zones de réglage », qui permettent de surveiller le niveau de tension et la fréquence. Le même système existe aussi par grandes zones européennes : les sociétés de réseau définissent entre elles les zones de réglage de la fréquence et de la tension. Si la fréquence et la tension diminuent vraiment beaucoup, il existe également, à la périphérie de ces zones, y compris dans les régions frontalières, ce que l'on appelle des « protections en rupture de fréquence », c'est-à-dire que quand la fréquence descend ou monte trop, on coupe la ligne pour s'isoler : les réseaux se séparent. Si un gestionnaire de réseau en Europe centrale faisait une mauvaise manipulation entraînant les autres réseaux, ces derniers seraient déconnectés, à un moment donné, par ces protections en rupture de synchronisme.

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