Intervention de Henri Granger

Réunion du mercredi 17 juillet 2019 à 14h10
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Henri Granger, ancien directeur de RTE pour la région Rhône-Alpes-Auvergne :

Le pilotage intelligent du réseau de transport se développe aussi du fait que, grâce aux moyens de communication modernes, on peut rapatrier de plus en plus d'informations précises.

Un peu comme l'aiguilleur du ciel, le dispatcher, dans la salle de commandes électriques, a sous les yeux de plus en plus d'informations – et des informations rafraîchies. L'intelligence artificielle permet de trier les informations mais elle n'efface pas la présence de l'homme. En effet, si l'intelligence artificielle permet de réaliser les schémas de réseaux dans 95 % des cas ou presque, puisqu'il suffit d'entrer dans le système les lois de l'électrotechnique, lesquelles n'ont pas changé depuis 150 ans, il reste les 5 % de cas délicats, dans lesquels se produit une véritable avalanche d'informations. Par exemple, en 1999, pendant la tempête, à partir de trois heures du matin, on voyait les lignes tomber les unes après les autres. Lors de tels événements, les gens sur le terrain sortent tous de leur lit pour aller devant leurs tableaux de commandes, ou dans les dispatchings – tant le dispatching national que les dispatchings régionaux. Devant l'avalanche d'informations, l'essentiel est de trier les informations pour trouver celles qui sont urgentes, utiles ou nécessaires.

J'ai quitté le métier en 2006 ; je pense que, depuis lors, des progrès ont été faits en termes de systèmes d'information, permettant d'avoir des informations plus nombreuses, plus précises et de mieux faire le tri pour trouver celles qui sont utiles et urgentes, ce qui permet d'éviter des incidents majeurs sur le réseau. Cela dit, le jour où il s'en produit un, même les employés qui sont en congé reviennent pour aider leurs collègues à trier les informations et diriger les opérations de remise en route d'un réseau. Quand un réseau est complètement tombé, il ne repart que grâce à l'énergie hydraulique, utilisée pour réalimenter les auxiliaires des centrales, car elle permet de maintenir et de stabiliser le niveau de fréquence, de sorte que les centrales se recouplent à un réseau, redémarrent de façon progressive et rechargent leurs moyens de production. Il faut le faire intelligemment : si on va trop vite et que l'on raccorde des points de production qui ne sont pas sécurisés, cela se fait au détriment d'autres dont il pourrait être plus urgent de s'occuper. Or ce tri nécessite obligatoirement l'intervention de l'intelligence humaine.

À mon époque, il y avait sept dispatchings régionaux en plus du dispatching national. On pourrait peut-être supprimer un ou deux d'entre eux, mais je serais très prudent à cet égard, car ils sont notre assurance-vie. Même s'ils ne servent que dans 3 % des cas, ce sont les 3 % dans lesquels il faut vraiment être infaillible. De ce point de vue également la fonction ressemble à celle d'aiguilleur du ciel : la plupart du temps, aiguiller les avions, c'est de la routine, mais quand il y a un pépin, avec un trop grand nombre d'éléments perturbateurs, on a beau avoir toute l'intelligence artificielle qu'il faut, la machine ne sait pas faire – en tout cas, c'est ce que je pense.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.