J'ai connu le passage de l'électromécanique à l'électronique – avec l'invention du transistor –, puis à l'informatique. Maintenant, c'est le numérique, avec des réseaux de fibre optique, dans les postes, qui font passer une foultitude d'informations. Cela renvoie à votre question sur le pilotage intelligent : ces informations peuvent être remontées, traitées et permettent même à un opérateur, en temps réel, de faire des simulations de réseau, ou plutôt d'en faire faire tout de suite par des équipes de dispatchers en back-up, qui sont, comme on dit, « sur le fauteuil », devant leurs écrans.
Au moment de la tempête de 1999, ces équipes en back-office ont permis, sur la base de simulations, de dire aux opérateurs quels réseaux il fallait reconstituer et comment le faire. Comme je vous le disais au début, tous les jours on prépare un plan de travail pour ces équipes de gestion prévisionnelle, qui expliquent au dispatcher ce qu'il a à faire, mais celui-ci peut aussi demander une étude complémentaire en temps réel s'il voit que les flux ont changé, que l'hydraulique a baissé, que le nucléaire ou l'éolien fluctuent, etc. Il faut donc être très réactif, et c'est particulièrement vrai bien sûr pour les incidents majeurs – les 3 % que j'évoquais. D'où l'importance de la formation, y compris de la formation continue de ces personnels. Des simulateurs ont été développés, qui permettent normalement de maintenir les opérateurs au niveau. Vous le voyez, nous avons d'ores et déjà amorcé les évolutions futures.