Intervention de André Merlin

Réunion du mercredi 17 juillet 2019 à 14h10
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

André Merlin, fondateur et ancien président de Réseau de transport d'électricité (RTE) :

Je répondrai d'abord à Mme de La Raudière. Il y a une organisation, qui a été créée en 2001 – je suis pour quelque chose dans son existence, puisque j'en suis l'un des cofondateurs – : le Réseau européen des gestionnaires de réseau de transport d'électricité, qui est l'interlocuteur de la Commission européenne et des régulateurs. Il existe également un conseil des régulateurs européens de l'énergie – je crois que vous allez auditionner la semaine prochaine M. Vasconcelos, qui en a été le premier président. Cela se joue à trois, en quelque sorte. S'agissant des évolutions à propos desquelles je vous ai fait part de mes interrogations, c'est à l'association des gestionnaires de réseau qu'il revient de se prononcer quant à la possibilité de les mener.

En ce qui concerne la comparaison entre la situation en France et en Allemagne, les incidents qui se sont produits en 2006 et plus récemment en 2019 montrent, me semble-t-il, que l'Allemagne aurait sans doute intérêt à n'avoir qu'un seul gestionnaire de réseau. Après mon départ de RTE, j'ai été nommé conseiller spécial du commissaire européen à l'énergie de l'époque, M. Piebalgs, et c'est exactement ce que je lui avais dit. De même, j'avais insisté sur l'importance de mettre en place des centres européens de coordination. Je crois que l'on vous en a déjà parlé, hier en particulier. C'est ainsi que, à l'époque où je dirigeais RTE, CORESO avait été initié : il s'agit d'un instrument permettant de mieux coordonner en amont. En outre, et quoi qu'on en dise, une évolution est en train de se produire dans le sens d'interconnexions de plus en plus développées et étendues : j'ai parlé de celles entre l'Europe et l'Afrique du Nord. Ailleurs dans le monde, la même chose se produit également. À l'inverse, une autre évolution est en train de se développer simultanément : le développement des énergies décentralisées sur les réseaux de distribution, ce qui change complètement la nature des réseaux de distribution – on vous l'a certainement dit. Il faut davantage de smart grids. Cela suppose une organisation beaucoup plus décentralisée. ENEDIS, notamment – je ne sais pas si vous avez auditionné la société – doit s'adapter en conséquence, car c'est une mutation très importante des réseaux de distribution, qui se produit aussi en Allemagne et qui exige, en particulier, plus d'investissements.

Si j'avais une recommandation à faire, ce serait de développer les réseaux, notamment dans les zones rurales. En tant qu'élu local, je peux vous dire que j'ai des projets de développement des énergies renouvelables, notamment dans le solaire. Or je m'aperçois que, en dehors des problèmes liés à l'environnement, que vous connaissez, notamment s'agissant de l'éolien – l'éolien terrestre, en particulier, suscite de très nombreuses réactions hostiles –, nous sommes bloqués parce que le réseau n'est pas assez développé.

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