Intervention de Florence Lambert

Réunion du mercredi 17 juillet 2019 à 16h40
Commission d'enquête sur l'impact économique, industriel et environnemental des énergies renouvelables, sur la transparence des financements et sur l'acceptabilité sociale des politiques de transition énergétique

Florence Lambert :

Je vais en effet illustrer ce point en démontrant que la réunion des deux sera intéressante et qu'elle constitue un enjeu d'avenir pour le CEA.

Nous ne travaillons pas sur le domaine de l'éolien car, sur le plan technologique, nous avons choisi de nous concentrer sur nos savoir-faire. L'histoire des technologies au CEA a connu deux greffes : autour des matériaux qui possèdent certaines propriétés de résistance en pression et en température – d'où les piles à combustibles et les batteries ; un croisement autour de la microélectronique d'où émergera le secteur solaire de demain.

Nous nous intéressons en revanche au couplage de l'électronique de puissance avec l'éolien, qui peut probablement apporter des avancées, notamment en temps de réponse, et à la façon de redémarrer certaines filières dans le domaine de l'éolien, en particulier autour des aimants, dans une logique d'analyse du cycle de vie pour tous les aspects concernant la motorisation, ce qui pourrait peut-être entraîner certaines ruptures technologiques.

En ce qui concerne le nucléaire, je suis venue à la recherche parce que j'étais passionnée par la maîtrise de l'atome, dont je pense qu'il est possible de faire bien des choses. Je suis persuadée que si nous devons travailler à obtenir de très faibles émissions de CO2, il y a beaucoup à attendre du couplage entre énergie nucléaire et énergies renouvelables du point de vue du fonctionnement et du point de vue des usages possibles en dehors des centrales nucléaires – je pense à des réseaux de chaleur. C'est d'ailleurs le sens de la présentation qu'a faite la semaine dernière Fatih Birol à l'Agence internationale de l'énergie (AIE). À partir de cette énergie non carbonée qu'est le nucléaire, j'imagine qu'il doit être possible de coupler des électrolyseurs et de produire de l'hydrogène non carbonée.

Nous n'en sommes qu'au début mais le rapprochement entre le nucléaire et les énergies renouvelables permettra d'avoir une vision systémique et non d'opposition. J'ai dit tout à l'heure que la batterie pouvait être un trait d'union entre la mobilité et le stationnaire. Selon moi, le vecteur « hydrogène » pourra se conjuguer aussi bien avec le renouvelable qu'avec le nucléaire.

N'étant pas spécialiste de cette question, je n'irai guère plus loin mais il importe à mon sens d'avoir une vision décentralisée du nucléaire à travers les small modular reactors. Le monde entier, aujourd'hui, revisite la question. Il faut être attentifs non seulement à l'alternative qu'est le nucléaire – plutôt réparti – mais à toutes les fonctionnalités dont il est possible de bénéficier. Il faut y inclure les réseaux de chaleur et la production d'hydrogène en local.

Je ne suis pas non plus une spécialiste en matière de cycles mais j'ai fait toute ma carrière dans les énergies renouvelables et je sais qu'il faut absolument s'intéresser aux analyses du cycle de vie tel que cela a été fait dans le domaine nucléaire. C'est ce que nous allons d'ailleurs entreprendre pour tout ce qui nous préoccupe : batterie, hydrogène et panneaux solaires.

Un couplage s'impose, alors que nous avons été jusqu'ici très « Techno push », même si nous avons une vision systémique qui s'étend jusqu'à l'usage. Il faut vraiment obtenir une feuille de route d'analyse du cycle de vie, des économies d'atomes, et je suis convaincue qu'à toutes nos feuilles de route agressives – plus de rendements, plus de kilowatts heure – on superposera progressivement des feuilles de route un peu moins performantes mais sur des matériaux moins critiques.

Premier ancrage : ne pas opposer des technologies et avoir une vision intégrée de cette énergie. Second ancrage : porter un regard à 360 degrés sur une technologie, y compris sur le long terme, et en matière d'approvisionnement.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.