Intervention de Alexis Corbière

Séance en hémicycle du lundi 4 décembre 2017 à 16h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2018 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexis Corbière :

Cela ne vous choque pas que des hôpitaux ferment un peu partout sur le territoire, limitant l'accès aux soins pour des pans entiers de la population.

Cela ne vous choque pas que dans un pays qui a longtemps été la tête de pont du progrès social, le taux de mortalité infantile – le taux de mortalité infantile ! – soit désormais en hausse, avec un bond de près de 10 % sur les deux dernières années.

Cela ne vous choque pas, manifestement, que près de 20 % des lits d'hôpitaux aient été fermés en à peine plus de dix ans, si l'on tient compte de l'évolution démographique.

Cela ne vous a pas choqués non plus que le nombre d'hôpitaux rapporté à celui des habitants dans un département d'outre-mer comme Mayotte soit dix fois inférieur à celui d'un département métropolitain comme Paris.

Cela ne vous a pas choqués que l'on recense de plus en plus de suicides au sein du personnel médical, notamment chez les infirmières et les aides-soignants.

Je ne dramatise pas, chers collègues : l'hôpital public est en souffrance, et l'essor des cliniques privées ne doit pas nous réjouir. L'accès aux soins est de plus en plus cher, et nous assistons à l'émergence d'une médecine à deux vitesses dans un pays qui a longtemps défendu l'idéal de la solidarité universelle et l'assistance portée à chacun, quels que soient ses moyens.

Les plus riches bénéficient des avancées technologiques en matière de soins et du confort inégalé de certains établissements privés, tandis que les plus modestes et les plus pauvres doivent se contenter de lits de fortune, parfois dans les couloirs débordants de souffrance et de misère des services d'urgences publics. Je ne caricature pas ! J'ai là, devant moi, des collègues de Seine-Saint-Denis qui le savent : telle est la réalité dans nombre d'hôpitaux de ce département, où les services d'urgences se réduisent souvent à un simple couloir.

En matière de Sécurité sociale, comme dans tous les autres pans de la société, je vous le dis tout de go, vous clivez, vous divisez, vous séparez et vous triez. Vous défendez un projet d'insécurité sociale : tout pour les riches et si peu pour les pauvres, jusqu'à menacer le droit à la santé. Il n'y a visiblement plus assez d'argent pour la Sécurité sociale, l'hôpital public, l'accès aux soins ou l'aide à la dépendance, mais il y a en revanche toujours plus d'argent dans les paradis fiscaux, toujours plus d'argent pour exonérer d'impôts les plus riches et toujours plus d'argent à offrir sans contrepartie aux grandes entreprises, qui en profitent pour donner des avantages à leurs actionnaires.

Votre budget non seulement conforte, mais pérennise le CICE alors que le prix d'un emploi créé par ce dispositif avoisine les 300 000 euros. Voilà, hélas, à quoi tend votre projet : limiter la solidarité, valoriser ce que j'appellerais une forme de cupidité. On pourrait croire à une caricature, mais tel est le triste portrait des politiques qui sont menées.

Avec La France insoumise, vous le savez – nous l'avons dit lors de l'élection présidentielle – , nous défendons un tout autre projet : celui d'une Sécurité sociale rendue universelle dans une société que nous souhaitons bienveillante.

Les progrès techniques, l'amélioration de la productivité et l'essor des nouvelles technologies doivent servir l'intérêt général, mais tel n'est pas le cas de votre projet. La quasi-totalité des bénéfices tirés de ces avancées est accaparée par les grandes fortunes, lesquelles s'accumulent dans l'immoralité la plus extrême et sous le regard bienveillant de votre majorité.

La presse s'est émue du fait qu'après l'adoption du PLFSS, en première lecture, certains collègues de cette majorité aient bu le champagne à la buvette parlementaire.

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