Je vais m'attacher à répondre à vos questions dans l'ordre où vous me les avez posées.
La société civile en Biélorussie se trouve aujourd'hui écrasée de toutes parts. L'heure est en effet plutôt, hélas, à un certain découragement. Compte-tenu de la répression, les militants de la démocratie ne peuvent généralement se projeter au-delà de 24 heures en raison des risques d'emprisonnement qui pèsent sur eux à tout moment. Malgré tout, des réseaux de collecte d'informations très efficaces se sont mis en place. Il y a ce que l'on appelle des « cyber-partisans [1] » qui hackent les systèmes informatiques de ministères et publient des indications utiles sur le Web, de sorte que l'on peut se faire une idée assez précise de la répression à l'œuvre. Une part de la société civile s'active de l'étranger, mais une autre part reste mobilisée sur le terrain. Certains journalistes continuent ainsi leur travail, naturellement sous pseudonyme, et bénéficient du soutien du Fonds pour la démocratie européenne (FEDEM) et d'autres organisations.
La population a besoin d'espoir et c'est la raison pour laquelle j'avais diffusé, à mon départ, le message que vous avez rappelé. J'ai été surpris de l'écho qu'il a reçu, ce qui montre à quel point les gens ont besoin de se rattacher à une espérance. Le régime, quant à lui, veut briser toute perspective en soulignant que le peuple aura pour encore des années à traiter avec Alexandre Loukachenko.
Les sanctions prises par l'Union européenne poursuivent un double objectif. En premier lieu, elles visent à faire en sorte que l'entourage d'Alexandre Loukachenko commence à réfléchir sur l'intérêt qu'il y a à continuer à le soutenir. En deuxième lieu, il s'agit de conduire la Fédération de Russie à mesurer que le soutien qu'elle apporte au régime biélorusse lui coûte toujours plus alors même, que ce dirigeant n'est pas particulièrement accommodant : à terme, la position de la Russie pourrait ainsi évoluer.