Intervention de Frédéric Oudéa

Réunion du jeudi 14 mai 2020 à 16h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Frédéric Oudéa, président de la Fédération bancaire française :

Je suis ravi d'avoir l'occasion de répondre à vos questions, comme avait pu le faire Mme Maya Atig, directrice générale de la FBF, lors de la précédente audition que vous avez évoquée.

La FBF regroupe 340 entreprises bancaires, dont 115 sont étrangères, le marché étant néanmoins assez fortement concentré entre six grandes banques, ce qui explique la capacité de réaction rapide dont nous avons fait preuve. Ainsi, nous avons réussi à adapter rapidement nos modes de fonctionnement, en maintenant accessibles 70 % à 80 % des agences, et en adoptant le télétravail pour certaines fonctions de réseau et de siège. Les paiements ont été assurés et aucune rupture de service n'a été constatée. La priorité absolue était la santé de nos clients et de nos salariés. Enfin, le dialogue social a été très intense au niveau de la branche et de chacune des entreprises.

La mobilisation a été exceptionnelle au service de l'économie, dans le cadre du PGE. Je prends la parole le jour où nous franchissons la limite de 100 milliards d'euros de prêts demandés en sept semaines, dont plus de 65 milliards préaccordés par Bpifrance. Plus de 500 000 entreprises sont concernées, à 90 % de très petites entreprises (TPE), et environ 40 milliards ont été crédités dans leurs comptes à ce jour.

Aucun autre pays européen n'a eu recours à des dispositifs identiques aussi rapidement. Les montants sont de 30 milliards d'euros pour l'Espagne et pour l'Allemagne, de 15 milliards de livres en Grande-Bretagne et de quelques milliards d'euros en Italie. Cette situation traduit la mobilisation exceptionnelle des réseaux. Sur les 100 milliards d'euros demandés, la Société Générale a reçu des demandes à hauteur de 16 milliards d'euros, ce qui dépasse sa production de crédit aux entreprises de l'année dernière.

Au-delà, nous avons mobilisé nos propres ressources en mettant en place des moratoires sur les crédits, pour un montant de 20 milliards d'euros.

Je rappelle également que des entreprises des secteurs du tourisme et de la restauration ont bénéficié de PGE pour 6,3 milliards d'euros.

Nous avons adapté également les dispositifs pour les particuliers.

La crise est d'une ampleur exceptionnelle. Elle a eu des impacts sur les économies et sur les marchés. Je tiens à souligner la réaction très forte des gouvernements et des banques centrales, ainsi que des superviseurs, pour assurer la stabilité des marchés et la liquidité du secteur bancaire. Le dialogue a été constant avec le ministre de l'économie et des finances et le gouverneur de la banque de France, afin d'identifier les solutions adaptées.

Les effets de la crise entraîneront des baisses de revenus en raison du ralentissement de l'économie. Nous examinerons comment les Français réagissent, comment les entreprises s'adaptent et jusqu'à quel point elles investissent. J'espère que nous éviterons une deuxième vague de contagion, qui imposerait un deuxième confinement.

Au-delà, le coût du risque augmentera. Je n'ai pas à commenter la situation des différentes banques françaises. Pour la Société Générale, nous avons indiqué que le coût du risque serait deux fois plus élevé que prévu dans un scénario central et trois fois plus élevé en cas de deuxième vague, avec une baisse du PIB de 13 % en Europe.

Les impacts sont significatifs mais nous savons les gérer car nous entrons dans la crise très différemment par rapport à 2008-2009, notamment grâce aux nouvelles règles en vigueur. Le secteur bancaire français n'a pas subi le même choc que ses homologues européens. De plus, notre modèle d'affaires est équilibré et nous sommes capables de faire face à la crise en termes de revenus. Surtout, nos réserves sont deux fois à deux fois et demie supérieures à ce qu'elles étaient au début de la crise de 2008 et nous disposons des liquidités nécessaires, de 200 à 300 milliards.

Personne ne sait quel scénario nous vivrons in fine. Il convient de relancer l'économie, en assurant la sécurité des salariés. Au-delà de la très grande efficacité de toutes les aides gouvernementales et du PGE, la question est de savoir quel rôle nous pourrons jouer pour aider les entreprises à accéder au marché en fin d'année, notamment celles qui rencontreront des difficultés pour rembourser les prêts.

Avec deux organisations syndicales, nous avons signé un communiqué commun pour rappeler que nous avions fait partie des citoyens français de la deuxième ligne et que nous étions restés au service de nos clients. Nous poursuivrons notre travail lors de la reprise de l'activité économique.

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