Intervention de Frédéric Oudéa

Réunion du jeudi 14 mai 2020 à 16h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Frédéric Oudéa, président de la Fédération bancaire française :

Je transmettrai vos remerciements aux salariés du secteur bancaire qui ont été frustrés dans un premier temps par l'absence de reconnaissance.

Je ne dispose pas des données sur les écarts entre les demandes reçues et les prêts accordés, car il s'agit d'un dialogue qui s'engage au niveau de chaque agence et qui n'est pas tracé. Je n'ai pas non plus la répartition précise des prêts accordés à concurrence de 25 % du chiffre d'affaires. Intuitivement, je pense que nous sommes plus proches de 20 % que de 10 % du chiffre d'affaires.

Si certains cas sont difficiles, transmettez-les-nous. Les refus sont accompagnés d'une justification, ce qui aide les entreprises à saisir la médiation du crédit, qui leur est parfois favorable.

Les banques interrogent les entreprises sur l'horizon auquel elles envisagent de rembourser leur prêt pour fixer le financement dont elles auront besoin. Le délai dans lequel les demandes sont traitées est peut-être un peu long mais il n'est pas possible de s'y prendre à la dernière minute.

Il nous est impossible de savoir combien nous coûtera l'argent à cinq ans dans un an. Pour autant, il s'agira certainement d'argent bon marché. Les prêts aux entreprises ont été accordés également à des taux très bas au cours des cinq dernières années.

Pour le secteur du tourisme, qui est plus particulièrement impacté, nous avons travaillé avec le Gouvernement et nous avons accepté le principe d'un moratoire de douze mois. Nous avons accepté également – mais le système doit être validé par Bruxelles – de mettre en place un PGE de saison. Davantage d'argent sera donc disponible pour les chefs d'entreprise concernés. En revanche, appliquer des horizons de sept ans pour la durée du prêt et de vingt-quatre mois pour le différé de remboursement serait dérogatoire et probablement interdit par Bruxelles.

Beaucoup d'épargne a été placée sur l'immobilier et sur la dette souveraine, épargne qui ne rapportera pas énormément. Saurons-nous construire un produit d'épargne finançant les entreprises de proximité, sans faire courir des risques trop importants ? Une incitation fiscale pourrait-elle être appropriée ? Je ne sais pas vous le dire.

Des prêts ont été refusés aux salariés travaillant dans des secteurs exposés. La question est de savoir si quelqu'un qui risque de perdre son emploi doit s'endetter. Notre responsabilité de banquier est d'éviter que les demandeurs prennent des risques inconsidérés.

Il est trop tôt pour identifier les conséquences de la crise sur le réseau bancaire français. Depuis deux jours, les clients se pressent aux guichets de la Société Générale. Je ne sais pas si ce sera toujours le cas dans trois mois. Nos clients se sont habitués aux canaux digitaux et nos propres salariés ont découvert le télétravail. Nous devrons réfléchir aux conclusions qui doivent être tirées. L'unité de l'entreprise et l'appartenance à une équipe sont importantes. Il faut prendre le temps de réfléchir à ce que seront les évolutions à long terme des clients et des collaborateurs, ainsi que leur impact sur le réseau des agences. Dans tous les cas, nous sommes attachés à notre ancrage dans les territoires.

Le secteur bancaire européen en général serait très sensible à des rumeurs de défaut de certains pays, comme en 2011. Je remercie la BCE, les banques centrales et la banque de France pour le travail qui a été conduit afin d'éviter le risque de contagion. Nous devons maintenir les efforts. En effet, suite à la crise, les divergences seront plus marquées en termes de performances économiques et de finances publiques. J'espère donc que le plan de relance sera l'expression d'une solidarité entre les pays européens. Il convient que la BCE maintienne des taux d'intérêt bas pour les États et les entreprises, même si ce n'est pas favorable pour les banques.

Enfin, nous sommes prêts à dialoguer sur le sujet des frais. Toutefois, le service bancaire a un coût, qui ne me semble pas si élevé au regard de ce qu'est le coût des services de téléphonie mobile par exemple.

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