Nous avons, monsieur le rapporteur général, la même vision de cette exécution dont je suis, en tant qu'ancien titulaire de votre fonction, un peu comptable.
L'exercice 2019 a été maîtrisé, comme en témoigne le déficit budgétaire, meilleur que prévu. Nous n'avons eu de cesse de souligner combien la qualité de la programmation et de l'exécution s'était améliorée depuis 2017. En matière budgétaire, c'est dans la durée que les efforts s'apprécient.
Le processus de sincérisation budgétaire s'est poursuivi et la Cour des comptes l'a elle-même reconnu. L'exécution est donc désormais plus saine, comme le montrent à la fois le taux de mise en réserve et la diminution des reports de crédits. Pour la deuxième année consécutive, aucun décret d'avance n'a été pris, alors que cela avait été systématiquement le cas au moins une fois par an depuis 1985, ce qui traduit la volonté de l'exécutif de respecter l'autorisation parlementaire.
Sur le fond, les priorités fixées par le Parlement en faveur du pouvoir d'achat des ménages ont été financées : les dépenses budgétaires ont ainsi augmenté de 6 milliards d'euros, dont 4 milliards liés à l'augmentation de la prime d'activité. Malgré cela, l'exécution a été maîtrisée, puisque la norme de dépenses pilotables a été sous-exécutée à hauteur d'un milliard d'euros. L'exercice 2019 s'inscrit dans la continuité de la maîtrise de la dépense publique constatée en 2018, et c'est précisément cette maîtrise qui rend crédible l'actuel soutien massif aux entreprises et aux ménages. Loin d'être illimité, le soutien public, tout comme le maintien de taux d'intérêt faibles – la charge de la dette étant inférieure de 1,8 milliard d'euros à la prévision en 2019 – dépend en effet tant de la capacité du Parlement à prévoir des trajectoires financières responsables et praticables que de celle du Gouvernement à les mettre en œuvre.
Nous n'aurions pas pu faire face à la crise si nous n'avions pas amélioré les comptes. Cela étant, j'appelle à la raison : même s'il nous faut répondre à des urgences pressantes, ce que nous avons déjà fait largement, le troisième projet de loi de finances rectificative ne doit pas prendre des allures d' open bar.