Si l'on peut fort bien comprendre la volonté d'Engie de se recentrer sur ses métiers originels, on peut aussi s'interroger sur l'urgence de cette opération. Nous traversons une crise sanitaire de grande ampleur, un plan de relance de 100 milliards d'euros a été lancé par le Gouvernement. Est-ce vraiment le moment de déstabiliser un groupe comme Suez, avec les conséquences que cela peut avoir sur la qualité du service et la mobilisation des salariés dans une période aussi importante ? Je rappelle que les salariés en question, qui nous alimentent en eau et traitent nos déchets, furent les héros de notre quotidien, il n'y a pas si longtemps. Or voilà qu'ils apprennent qu'ils vont être vendus – pire, démantelés, puisque l'activité eau sera cédée à un fonds d'investissement. Suez a une responsabilité sociale et industrielle. Avez-vous mesuré toutes les conséquences d'une telle décision ? Le calendrier retenu semble indiquer que ce n'est pas le cas.
Vous avez exprimé votre insatisfaction sur l'offre de Veolia. En dehors du prix, quelles améliorations attendez-vous, notamment aux plans industriel et social ? En écoutant M. Frérot la semaine dernière, j'avais l'impression d'entendre Jeff Immelt, l'ancien PDG de General Electric, s'écriant, les bras tendus vers les salariés : « On va bien s'amuser ensemble ! » – sauf qu'on connaît la fin de l'histoire : Jeff Immelt n'est pas resté PDG de General Electric. Dans des opérations comme celle-ci, on a besoin de garanties, y compris sur la durée !