Je voterai les crédits de cette mission, de même que j'ai voté avec mon groupe les trois premiers projets de loi de finances rectificative pour 2020.
La logique veut qu'il y ait d'abord les mesures d'urgence, ensuite la relance. Là, les choses sont assez mélangées, comme j'ai essayé de le montrer. On y trouve une vision pour l'investissement sur deux ans et une accélération des transitions, ce qui est une bonne chose : toute crise est une occasion de changer. Toutefois, le rebond de l'épidémie, qui a entraîné l'instauration d'un couvre-feu pour plusieurs semaines, sans parler des masques que nous portons tous, montre bien que l'urgence n'a pas totalement disparu. C'est le moins qu'on puisse dire ! C'est vrai pour beaucoup de nos concitoyens et pour un grand nombre d'entreprises, qui vivent un enfer. En tant qu'élus de terrain, nous le voyons bien, et chacun ici a de nombreux exemples en tête. Je compte évidemment sur le quatrième PLFR pour nous indiquer les mesures supplémentaires que prendra le Gouvernement, s'il y en a, pour remédier à ces difficultés. Les crédits de la mission Plan d'urgence face à la crise sanitaire sont pour leur part à zéro pour 2021, probablement dans l'attente des dispositions du PLFR 4.
La mission Plan de relance appelle de ma part d'autres réserves : il y a beaucoup de saupoudrage, en même temps qu'un manque de lisibilité. J'ai de grandes inquiétudes quant à notre capacité à consommer rapidement les crédits. Dans le cadre du programme d'investissements d'avenir (PIA), moins de la moitié des crédits ont été consommés en une dizaine d'années. Certes, il a fallu du temps pour lancer la machine, mais la comparaison avec ce qui est prévu ici est frappante : on est censé consommer 50 % à 60 % des crédits dès la première année. Il faut donc des projets déjà prêts à être financés. J'ai très peur que, pour faire du chiffre, on en vienne à choisir des dossiers n'ayant pas beaucoup d'intérêt sur le plan de la relance, c'est-à-dire qui ne concourent pas à une accélération fondamentale des phases de transition ou ne permettent pas d'augmenter notre croissance potentielle. Or l'enjeu est là : on ne peut pas vivre avec une croissance potentielle de 1,3 % étant donné, par ailleurs, le niveau de la dette et les exigences à l'égard de notre modèle social.