Plus les PLFR s'accumulent, plus les présentations de Buno Le Maire se teintent d'autosatisfaction… Et pourtant, être obligé de présenter un PLFR 4 si peu de temps après la discussion du plan de relance et du projet de loi de finances, c'est à tout le moins la preuve que l'on n'a pas forcément tout bien anticipé, et que les choses, pour reprendre les propos du Président de la République, n'étaient pas prêtes en juillet… On est d'ores et déjà obligé d'intégrer un surcoût lié à la crise sanitaire au niveau de l'ONDAM et des masques chirurgicaux : si les choses avaient été mieux prévues, on ne craindrait pas autant la deuxième vague dans les hôpitaux !
Je crains que ce PLFR 4 ne soit déjà insuffisant : 1,1 milliard d'euros ajoutés aux 800 millions d'euros du plan de relance, ce sera loin de briser la vague de pauvreté qui s'abat sur le pays, notamment chez les jeunes – c'est la raison pour laquelle nous continuons à appeler à un RSA jeune.
Par ailleurs, le Fonds de solidarité illustre la manière imparfaite avec laquelle vous aidez les entreprises : d'un côté vous octroyez des aides inconditionnelles, y compris à celles qui licencient alors qu'elles font des bénéfices, et de l'autre vous en conditionnez certaines à une perte de 50 % de perte de chiffre d'affaires, mais indépendamment du niveau de revenus, ce qui exposera plus particulièrement les indépendants les plus précaires… La balance n'est vraiment pas satisfaisante. Il est vrai que, dans le passé, vous aviez promis de contraindre les entreprises si elles ne jouaient pas le jeu, mais vous n'avez rien contraint du tout… Cela risque fort d'être la même chose avec les grandes foncières : je serais curieux de connaître les contraintes que vous comptez leur appliquer, car jusqu'à présent, il n'y a jamais eu que des paroles.
Enfin, vous n'avez pas perdu le Nord libéral, puisque vous nous jouez votre petite musique selon laquelle il faudra rembourser la dette alors que vous savez très bien que le stock ne le sera jamais – vous l'avez vous-même admis il y a quelque temps. Mais surtout, on nous promet par avance que sitôt la fin de la partie, autrement dit l'épidémie, sifflée, il faudra baisser les dépenses publiques et accepter les réformes structurelles comme celle des retraites ! Autrement dit, vous vous apprêtez à faire exactement la même chose que ce qui nous a conduits dans le mur. Si la dette est insupportable, il faudrait d'abord arrêter de baisser les impôts des plus riches et des entreprises, ce qui augmente inévitablement le déficit.