Intervention de éric Lombard

Réunion du mardi 28 novembre 2017 à 17h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

éric Lombard :

Monsieur le président, monsieur le rapporteur général, mesdames et messieurs les députés, c'est évidemment pour moi un honneur de présenter devant vous ma candidature au poste de directeur général de la Caisse des dépôts. Je suis heureux non seulement de saluer l'ensemble des membres de la commission des finances mais d'adresser un salut particulier aux membres de la commission de surveillance, son président Gilles Le Gendre, Gilles Carrez et Jacques Savatier, qui ont déjà su donner un nouvel élan à ses travaux. Pour avoir rencontré depuis quelques jours les équipes de la Caisse des dépôts, je peux vous dire que le rythme donné aux travaux suscite l'intérêt des collaborateurs de la Caisse qui ont pu travailler avec vous – ils y prennent même plaisir.

Comme vient de le rappeler le président Woerth, la Caisse des dépôts est placée sous la surveillance et la garantie de l'autorité législative. Ce lien particulier fait depuis un peu plus de 200 ans la force de l'institution : si vous m'accordez votre confiance, je m'attacherai à faire vivre ce lien, d'une part en travaillant étroitement avec la commission de surveillance, d'autre part, en venant régulièrement vous présenter l'évolution des activités de la Caisse.

Je rends tout d'abord hommage à Pierre-René Lemas, qui a mené d'importantes transformations. Il s'est engagé avec passion au service de l'institution, et je partage tout à fait l'objectif qui a été le sien de renforcer l'ancrage territorial du groupe – il en a fait un axe majeur de son mandat. Je compte poursuivre et amplifier cet engagement si vous m'accordez votre confiance.

En effet, réinvestir les territoires de la République sera ma préoccupation quotidienne. Je sais à quel point le Président de la République, le Gouvernement et, bien évidemment, les élus que vous êtes sont sensibles à cette urgence nationale. Après avoir préparé, depuis quelques mois, ma candidature à ce poste, je suis encore plus convaincu que je ne l'étais du fait que la lutte contre la fracture territoriale est vraiment une mission majeure pour la Caisse. J'y reviendrai en vous présentant les lignes de force des transformations et des continuités que je soumettrai à la commission de surveillance si je suis nommé.

C'est ma deuxième intervention publique de candidat, après celle de ce matin, au Sénat. Comme cette réunion est retransmise, je souhaite en profiter, si vous le permettez, pour adresser un message chaleureux aux femmes et aux hommes qui, au sein de la Caisse des dépôts, contribuent chaque jour à faire vivre cette grande maison. Je sais que certains d'entre eux nous écoutent cet après-midi. Je voudrais leur dire que je connais leur engagement, leur professionnalisme, leur sens de l'intérêt général. Un directeur général est responsable tout autant des personnes placées sous son autorité que du développement de l'institution qui lui est confiée. Je veux donc assurer les hommes et les femmes de la Caisse des dépôts que je m'inscrirai, si je suis nommé, dans la continuité de l'histoire de cette grande et belle maison.

Il faut de la continuité mais aussi une vision, et je conduirai les changements nécessaires, car il faut continuer à préparer la Caisse au monde qui vient. Je le ferai avec détermination, je le ferai dans la concertation et l'écoute. En effet, j'ai pu vérifier tout au long de ma vie professionnelle que c'est par l'écoute et le dialogue, au bénéfice des ambitions partagées, que l'on peut transformer et faire avancer une institution.

Avant d'y revenir, je voudrais évoquer devant vous mon parcours, puisque nous nous connaissons peu. Je commencerai par évoquer la mémoire de mon grand-père, de qui je tiens le vif intérêt pour la chose publique qui m'anime. Pierre Levy est né en 1907, à Guebwiller, en Alsace. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, à laquelle sa famille a payé un lourd tribut, il a bâti à partir de Troyes, en Champagne, un groupe industriel qui a réuni des activités textiles et de grande distribution. Dans le même temps, il a constitué une importante collection de tableaux, aujourd'hui réunis dans le musée qui porte son nom à Troyes. Il voulait que les Troyens, qui avaient, indirectement, contribué à l'achat de ces tableaux, puissent en bénéficier. Il a donc voulu les leur rendre. J'y vois un signe important, dans ma vision du monde. Ami de Léon Blum, il voyait dans son entreprise le moyen de développer l'économie de la région qui l'avait accueilli.

C'est sous l'égide de ce personnage que j'ai construit une bonne partie de ma vie professionnelle.

Dans le privé, d'abord. J'ai commencé ma carrière en 1981 à la Banque de Paris et des Pays-Bas, devenue par la suite BNP Paribas, dans le financement export, puis à la gestion financière et au suivi des grandes participations. En 1993, j'ai été nommé responsable des fusions et acquisitions dans les secteurs de la banque et de l'assurance. Dans ce cadre, j'ai été confronté à quelques grandes crises. J'en citerai deux devant vous : la crise du Crédit Lyonnais, la dérive d'une grande institution – il a fallu des années de travail pour corriger les conséquences de cet échec –, et la crise du Crédit foncier, certes moins grave, mais néanmoins importante.

Je tire une leçon essentielle de ces expériences : dans une institution financière, la responsabilité personnelle du dirigeant est centrale, et la pérennité d'une maison dépend tout autant du pouvoir de dire « oui » que du courage de dire « non » quand il le faut. Le pilotage d'une institution financière – la Caisse des dépôts est l'une des plus importantes – demande avant tout une bonne compréhension de son bilan, c'est-à-dire de ses engagements, de ses actifs, de la façon dont un bilan se déforme avec le temps et des risques qu'il porte. Les échecs dont je viens de parler, ce sont avant tout des erreurs dans la conduite de l'ensemble du bilan plutôt que des sujets d'opérations quotidiennes.

Après cette période dans le conseil, j'ai assumé ensuite des fonctions plus opérationnelles, en pilotant le suivi des grands clients de BNP Paribas dans le monde. Dans ce cadre, j'ai eu la responsabilité de l'activité de financement des collectivités locales et des établissements publics. Là encore, j'ai pu mesurer la responsabilité des métiers de la finance. Pour ma part j'ai toujours veillé à ne proposer aux clients, notamment aux collectivités locales, que des opérations conformes à leur intérêt. Comme vous le savez, cela n'a, hélas, pas toujours été le cas ; il y a eu des dérives condamnables.

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