Intervention de Nicolas Dufourcq

Réunion du mercredi 20 janvier 2021 à 9h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance :

Nous sommes en phase de montée en puissance du déploiement du plan de relance. Les appels à projets pour l'automobile, l'aéronautique et les secteurs critiques totalisent environ 500 millions d'euros en cours de décaissement, pour environ 500 dossiers. Nous constatons en outre un afflux de projets ; les services du ministère des Finances sont par conséquent confrontés à la question du pilotage du tri des projets reçus, dans un contexte où la possibilité d'obtenir des rallonges d'enveloppes est soumise à question. En novembre, la région Bourgogne-Franche-Comté s'est propulsée en tête des appels à projets, suivie par la Bretagne.

Bpifrance travaille avec France Num et plusieurs partenaires au sujet de la numérisation des TPE, qui est un enjeu absolument fondamental. Celui-ci comprend une dimension financière, assurée par les prêts garantis avec une garantie directe ou indirecte auprès des banques françaises, ainsi qu'une dimension d'accompagnement, dont un accompagnement digital et des actions de sensibilisation. Nous nous appuyons notamment sur des acteurs du commerce et nous prévoyons un nouveau partenariat avec Cdiscount. La digitalisation des TPE est un chantier gigantesque, qui prendra beaucoup de temps et qui implique la mobilisation générale de tous les acteurs.

2020 n'est pas une grande année pour l'affacturage. Nous avons toutefois négocié avec l'Union européenne afin que la Banque européenne d'investissement contre-garantisse notre prise de risque sur le préfinancement de commandes. En effet, le monde des collectivités locales et de la construction se caractérise par des prises de commandes qui imposent aux entreprises de s'approvisionner en biens pour la production du contrat longtemps avant l'émission de la première facture. Nous préfinancerons ces approvisionnements au travers d'un produit nouveau, dont la commercialisation démarrera en janvier 2021.

Le prêt « atout » a très bien fonctionné, pour près de trois milliards d'euros. Nous avions en outre annoncé au mois de juin une enveloppe d'un milliard d'euros de prêts tourisme à dix ans, avec trois ans de différé de remboursement. À ce jour, cette enveloppe est consommée à hauteur de 500 millions d'euros, avec une forte demande de la part des professionnels, qui démontre que le produit était correctement calibré.

S'agissant des audits d'entreprises post-crise, Bpifrance a créé un diagnostic rebond, en partie financé par le plan de relance et que nous déployons très rapidement. Le consulting ne peut toutefois s'adresser à des milliers d'entreprises, sauf s'il intervient en digital – ce que nous assurons par le biais de Bpifrance Université, qui fonctionne très bien et propose toutes sortes de modules digitaux. Nous lançons donc plusieurs centaines de modules directs d'audit avec un conseiller, dans le cadre du diagnostic rebond.

Concernant le microcrédit, nous orchestrons et soutenons le réseau d'accompagnement à la création d'entreprise. Bpifrance finance ainsi un millier d'associations grâce à des produits fondamentaux tels que la gamme de prêts d'honneur. Celle-ci s'est considérablement renforcée, ce qui nous permet d'augmenter très significativement les volumes de prêts d'honneur distribués en France, notamment dans les territoires les plus fragiles.

Bpifrance est une grande banque de l'industrie, celle-ci représentant 25 % de nos crédits et près de 50 % de nos investissements, ce qui est très supérieur au poids de ce secteur d'activité dans le PIB français. C'est pour cette raison que nous sommes opérateur du plan de relance dans l'automobile, l'aéronautique, la relocalisation et le volet « Territoires d'industrie ». Nous sommes également l'opérateur du plan Deep Tech qui a vocation à inventer l'industrie française du futur, car les start-ups deep tech construisent des usines, à l'instar de l'usine Ynsect à Amiens. Nous avons de plus lancé le mouvement de la French Fab, afin d'apporter un fanion de fierté collective à l'ensemble des industriels français des territoires.

Les salariés créateurs d'entreprise doivent absolument se rendre sur le site internet de Bpifrance Création, qui présente l'ensemble des services rendus par Bpifrance issus de l'Agence pour la création d'entreprises (APCE), que nous avons reprise il y a deux ans.

Bpifrance, qui est une banque régulée, ne peut pas agir pour les entreprises en difficulté qui ne sont pas déjà ses clientes. Nous les renvoyons donc vers les CODEFI et les dispositifs du FDES. À titre personnel, je pensais que le « petit FDES » attirerait des dizaines de milliers d'entreprises ; or, moins de 600 dossiers ont été enregistrés. Ce dispositif est donc encore généreusement doté.

L'Agence des participations de l'État (APE) détient 49,3 % du capital de Bpifrance. Son portefeuille est composé d'entreprises au capital desquelles l'État a vocation à rester très longtemps, voire toujours. À l'inverse, le portefeuille de Bpifrance est un portefeuille qui tourne, composé de fonds d'investissements en capital patient. Nous n'avons pas vocation à nous éterniser ; une fois que notre mission de stabilisation du capital, d'ancrage en France, d'accompagnement à la transition technologique est accomplie, nous avons vocation à sortir du capital.

Enfin, nous interagissons avec le Haut-Commissariat au Plan au travers de notre direction de la stratégie. Le pôle financier public est pour sa part composé de la CNP, la Banque Postale, la Caisse des dépôts et la Banque des territoires. Bpifrance est un objet à part de cette organisation ; nous sommes une banque de développement qui assure de plus en plus de missions d'intérêt général, tandis que le pôle financier public est un acteur bancaire banalisé par rapport aux autres banques privées. Nous réalisons toutefois un nombre croissant d'actions avec la Banque des territoires, qui est quelque part notre jumelle. Nous nous adressons aux entrepreneurs tandis qu'elle est l'interlocuteur des collectivités locales et du secteur public. Cela nous permet de proposer ensemble un plan tourisme et un plan climat.

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