Intervention de Jean-Louis Bricout

Réunion du mercredi 20 janvier 2021 à 16h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Louis Bricout :

Je voudrais dire, en avant-propos, que cette réunion est un peu étrange : nous n'avons pas de documents et, au bout d'une demi-heure, il ne reste plus que la moitié des ministres ! Je trouve que c'est assez regrettable.

S'agissant du déficit à la fin de l'année 2020, vous nous avez annoncé un montant de 223 milliards d'euros dans le cadre du PLFR 4 et du PLF pour 2021 ; aujourd'hui, vous nous dites que le déficit sera de 178,2 milliards d'euros. Je vous remercie pour les détails concernant cet écart. Néanmoins, il me semble que vous avez aussi tendance à exagérer les catastrophes budgétaires, peut-être pour nous laisser croire que vous relevez des défis insurmontables. Cela pourrait également expliquer le décalage entre les milliards que vous annoncez et ce qui arrive réellement dans les territoires. Toujours est-il que les comptes que vous nous présentez pour 2020 sont à l'image de la crise que nous traversons : il y a une explosion de la dette et du déficit publics.

Cette explosion était nécessaire, car nous avions vraiment besoin d'adopter des mesures compte tenu de la crise, mais je pense qu'elle aurait pu être moindre si notre système de santé n'avait pas été à genoux avant l'arrivée du virus et si nos mécanismes de prévention des pandémies n'avaient pas été grippés. Je pense aux stocks tactiques et stratégiques de l'État et aux moyens pour la recherche antivirale, qui étaient au plus bas. Et que dire du départ de Mme Buzyn au début de la crise et de votre sketch sur le thème « les masques ne sont pas utiles » ? Ensuite, vous auriez dû prendre plus au sérieux les différents avis du Conseil scientifique lors du deuxième confinement. Enfin, votre attitude actuelle face à une éventuelle troisième vague ou s'agissant de la stratégie de vaccination est d'une suffisance indécente au regard des insuffisances passées.

Maintenant que nous en sommes là, que faire ? Nous ne désespérons pas que la BCE annule 30 % de la dette négociable française, qu'elle détient, mais cela risque de ne pas se produire. Nous sommes donc très inquiets de la cure d'austérité que vous comptez nous imposer pour contenir la dette publique.

Bpifrance nous a signalé ce matin que les entrepreneurs craignent non pas des hauts de bilan dégradés mais un manque de débouchés sur les marchés. Face à une telle situation, continuerez-vous à faire de l'offre l'alpha et l'oméga de votre politique ou envisagez-vous enfin d'enclencher des dispositifs permettant de relancer la consommation interne ? Même si elle est bonne, elle pourrait sans doute être meilleure si l'on soutenait les plus défavorisés.

Enfin, je rejoins la question de Mme Louwagie sur la territorialisation du plan de relance. La doctrine retenue pour les appels à projets – « premier arrivé, premier servi » – conduit à une iniquité entre les territoires.

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