Il existe, nous l'avons rappelé, des divergences sur la méthode et les modalités suivies par le Gouvernement, mais nous pensons, nous aussi, qu'un soutien massif à l'économie était indispensable. L'action qui a été engagée au cours de l'année 2020 a été résumée par le Gouvernement et le Président de la République, à plusieurs reprises, par l'expression : « quoi qu'il en coûte ». Vous avez vous-même démontré que la dette publique était parfaitement soutenable – Bruno Le Maire l'a réaffirmé tout à l'heure – et que les fameuses contraintes budgétaires, souvent érigées en impératifs catégoriques, permettaient simplement de justifier des choix politiques. On peut se féliciter que le budget 2020 ait permis des avancées idéologiques majeures.
La dette publique atteint 120 % du PIB, et le ministre a réaffirmé la nécessité de la rembourser le moment venu. En fait, vous tentez de reprendre la main après avoir vous-même démontré l'incohérence du discours tenu depuis plusieurs années. Depuis quelques mois, un triumvirat s'est constitué autour de Bruno Le Maire, actuel ministre de l'économie, de Jean Arthuis, ancien ministre de l'économie du gouvernement Juppé et désormais président de la commission sur l'avenir des finances publiques, et du gouverneur de la Banque de France, que nous avons auditionné et qui n'a pas manqué de faire passer son message à cette occasion. Ces trois personnalités écument les médias afin de préparer les esprits en faisant la promotion de réformes structurelles, d'économies, qui seraient essentielles et nécessaires pour l'avenir de la France.
Une telle approche réduirait notamment les capacités que nous pourrions développer demain dans de nombreux domaines centraux pour l'avenir de notre pays, comme l'éducation ou la transition écologique. Il serait pourtant difficile d'affirmer, si l'on différencie la bonne dépense publique de la mauvaise, comme le ministre essaie de le faire, que les investissements en faveur de l'éducation, de la santé ou de la transition écologique sont du mauvais côté.
Bien loin de moi l'idée de penser que la « cagnotte » qui a été évoquée existe – la démonstration a été faite. Mais il pourrait en exister une autre : le fait de ne pas avoir suffisamment demandé aux détenteurs de grandes fortunes de participer au redressement est une erreur que nous regrettons.
Je terminerai par la reprise de la consommation, de 42 % en décembre par rapport au mois précédent. Mais qui a un petit bas de laine et une capacité de consommer ? Je ne pense pas que ce soient les pauvres. Réussir la relance nécessitera d'avoir un plan s'adressant spécifiquement à celles et ceux qui connaissent actuellement de grandes difficultés à vivre, voire à survivre.